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2 juillet 2017 7 02 /07 /juillet /2017 18:12
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2 juillet 2017 7 02 /07 /juillet /2017 15:00
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2 juillet 2017 7 02 /07 /juillet /2017 13:19
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2 juillet 2017 7 02 /07 /juillet /2017 10:48
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2 juillet 2017 7 02 /07 /juillet /2017 08:00
 CHAP.19, temps suspendu, Edouard Philippe réduit au néant politique, dans l’humiliation d’1 premier ministre, personne n’est allé si loin. Et dans l’abaissement du Parlement non plus  Mélenchon.

Mélenchon fait comme si ses électeurs insoumis marchaient du même pas que lui, il oublie que son capital de 7 millions de voix à la présidentielle a fondu comme neige au soleil et que son fameux groupe parlementaire n’est qu’un ramassis d’élus de ce qui restait encore de la ceinture rouge du PCF, déjà pillée par le PS, la Seine-Saint-Denis. Des miettes, un taux d’abstention record, des élus aussi mal élus que ceux du Président Jupitérien. Mélenchon a toujours eu le melon, grisé par son premier succès à une élection sur nom, à 65 ans si tu n’es pas député tu as raté ta vie, le voilà qui pontifie, court après le très médiatique Ruffin, flanqué de ses grognards : le mari de Garrido, ce pauvre Corbières qui va pouvoir payer un loyer décent, la sémillante Clémentine Autain qui prend bien la lumière et qui risque de lui faire de l’ombre, si son mouvement ne l’a pas porté jusqu’à l’Olympe c’est la faute des autres qui ne se sont pas pliés à ses exigences.

 

Dans Le Journal du jour, le leader maximo de La France insoumise a accusé les autres partis de gauche, du Parti communiste français (PCF) au Parti socialiste (PS) en passant par Europe Ecologie-Les Verts (EELV), d’avoir été complices pour «bloquer la percée» de son mouvement.

 

« Ne focalisons pas sur l’ambiance de décomposition de la vieille gauche ! Les spasmes d’agonie du PS, du PCF, d’EELV, leur échec électoral terrible et celui de leur complicité pour bloquer la percée de La France insoumise, leurs congrès respectifs, la réunion de Hamon : ce ne sont que des entre-soi juxtaposés. Laissons décanter. La vie est ailleurs »

 

« L’opposition sera globale et frontale. Mais surtout, nous serons une opposition qui argumente et propose afin de convaincre »

 

En bon langage trotskyste, le pouvoir sera dans la rue et non dans les travées du Palais Bourbon.

 

Il va nous falloir potasser les classiques : la révolution permanente du Léon pour Mélenchon et le Prince de Machiavel pour Macron.

 

Boris Souvarine résume bien le corpus de la philosophie de tous ceux qui dans leur jeunesse ont, pour combattre l’hégémonie des Partis communistes orthodoxes, fait de Trotsky l’icône d’un marxisme-léninisme pur et dur.

 

« Trotski a contribué à forger avec Lénine le mythe néfaste de la “dictature du prolétariat” et le dogme funeste de l'infaillibilité du Parti, au mépris des idées réelles de Marx invoquées à tort et à travers. Tous deux, ivres de leurs certitudes doctrinales, juchés au sommet de la pyramide bureaucratico-soviétique, ont méconnu ce qui s'élaborait aux niveaux inférieurs, faisant preuve d'une inconscience qui a livré à Staline tous les leviers de commande. »

 

Du côté de Macron, François Bazin, écrit :

 

Le Prince à l’Elysée

 

Lorsqu’il était simple ministre, Emmanuel Macron considérait qu’il n’était pas «l’obligé» de celui qui l’avait nommé à son poste – le président de la République, en l’occurrence. Il revendiquait une liberté d’action et surtout de parole dans une fréquentation assidue de la gente journalistique. Pour être performant, il s’était entouré d’un cabinet de fidèles dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’était pas resserré. Il estimait enfin qu’une bonne loi devait être le fruit d’un débat parlementaire ouvert à la contestation et donc à l’amendement. L’usage de moyens coercitifs – le 49.3, au premier chef – lui semblait être sinon une faute, du moins le signe d’un échec dans l’exercice de conviction dont il se prétendait le champion.

 

Lorsqu’il était candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron voulait casser les codes d’une politique marchant au pas de l’oie. Il refusait par principe le style binaire. Il se voulait attentif à ce qu’il y a de meilleur tant à gauche qu’à droite. Son fameux «mais en même temps» était l’expression achevée d’un discours balancé, nuancé, rétif aux arguments d’autorité chers aux représentants d’un vieux monde qu’il s’agissait d’envoyer à la casse. La démocratie avec lui, c’était l’ouverture, le renouvellement des hommes et des idées, bref un souffle d’air frais dans un système perclus de rhumatismes au terme d’un quinquennat hollandais sans saveur ni audace.

 

Depuis qu’il a été élu Président, Emmanuel Macron se dit «jupitérien». L’Élysée est devenu un Olympe d’où tombe la foudre à jets continus. La verticalité du pouvoir est remise à l’honneur. Le Premier ministre n’était pas encore nommé qu’on tentait déjà en haut lieu de le traiter en simple collaborateur en lui imposant un directeur de cabinet choisi par le Palais. Dès la formation du gouvernement, les ministres ont été sèchement avertis que le temps des «bavardages» était désormais révolu et qu’ils allaient devoir se contenter de cabinets amaigris à l’extrême alors que, face à eux, la haute administration serait soumise à la loi des dépouilles. Les futurs députés d’En Marche ont été rappelés à leur devoir de «loyauté» à l’égard de celui sans lequel ils ne seraient rien. Le porte-parole du gouvernement a pu tranquillement déclarer à propos de la loi Travail, votée demain par ordonnances, qu’un débat «trop long» serait contraire à la démocratie et que des amendements trop nombreux ne seraient ni plus ni moins que du «tatillonnage». C’est le même enfin qui, en plein cœur de l’affaire Ferrand, a été chargé de resservir à la presse l’éternel distinguo entre l’enquête et le jugement.

 

Macron ministre, Macron candidat et Macron président, ça n’est visiblement pas la même chose. La ligne politique reste celle d’un social-libéralisme revendiqué et assumé sans complexe. Mais le style de gouvernance diffère du tout au tout. Simple effet d’un opportunisme porté jusqu’à un point inégalé d’incandescence par un homme animé par un pur esprit de conquête ? On peut le dire aussi autrement. Pour Emmanuel Macron, la politique est d’abord et avant tout une technique. La prise du pouvoir répond à ses yeux à d’autres règles que son exercice et sa conservation. Autre situation, autre comportement. Aux sources intellectuelles du macronisme, on cite souvent Paul Ricœur. On ferait mieux de convoquer le Prince de Machiavel.

 

C’est en cela qu’Emmanuel Macron est vraiment l’anti-Hollande. En arrivant en pouvoir, ce dernier imaginait que sa gloire et son honneur serait de rester le même qu’auparavant. Il ne voulait pas changer. Il pensait que l’habileté suprême serait de demeurer normal, donc normalement habile comme lorsqu’il naviguait dans les courants du PS. L’opinion, dans cet exercice immuable, n’était pour lui en rien un point d’appui. Son objectif était d’abord de la contourner avant de la désamorcer. Il y avait chez lui une forme de libéralisme frisant l’indifférence et, au final, l’inconscience. Emmanuel Macron est un stratège d’un tout autre tonneau. Toute son action depuis le 7 mai dernier consiste à démontrer, par le verbe et le geste, qu’accéder à la présidence, ça n’est pas pareil que s’installer durablement dans ce rôle. Emmanuel Macron, à l’Élysée, met donc en scène une rupture qui est d’abord avec lui-même. Il tourne la page. La seule justification qu’il suggère à cela est qu’à partir du moment où s’ouvre un nouveau livre, il n’est pas nécessaire que le héros répète à l’identique ce qui fit son succès. Le conquérant d’hier était le renard et la ruse. Le monarque d’aujourd’hui est le lion et la force. Machiavel, encore.

 

Concrètement, cela signifie que l’urgence pour Emmanuel Macron n’est plus à la contestation de l’ancien système mais à la reconstruction d’un autre dans lequel sa place sera désormais centrale. Cet ordre nouveau suppose de l’autorité, des rênes courts et donc une manière d’hyper-présidentialité. Nicolas Sarkozy, par tempérament, en avait rêvé en son temps sans voir que cet exercice supposait non pas d’autres pratiques mais d’autres structures dans l’organisation du pouvoir élyséen. Ce que veut mettre en place Emmanuel Macron n’est rien de moins qu’un système verrouillé à l’extrême capable de résister aux aléas lorsqu’il faudra qu’à l’amour nécessairement volage car née de la séduction succède la crainte, fruit de la force qui, elle, n’est pas éphémère. Machiavel, toujours.

 

Pour réussir cette transmutation, il était indispensable qu’au sommet de la pyramide, il y ait un Président qui, dans sa réputation, ne soit pas contesté. Emmanuel Macron, en moins d’un mois, s’est fait ce qui avait manqué à son prédécesseur, durant les cinq ans de son règne, sauf par intermittence : une tête de chef d’Etat. Derrière ce travail d’image réalisé avec brio sur le terrain essentiellement régalien, on n’a pas suffisamment remarqué combien la République macronienne était en train de révolutionner l’organisation du pouvoir sans attendre que les élections législatives ne lui donnent la majorité attendue. C’est dans le resserrement minutieux du moindre de ses leviers qu’elle se prépare pour la suite. Face un pays qui reste travaillé par le doute, elle met en place un système potentiellement autoritaire, comme l’ont d’ailleurs toujours été ceux que l’on dit bonapartistes et qui, en l’espèce, portent l’intelligence et la vertu en sautoir.

 

Afin de durer, puisque telle est l’ambition principale – Machiavel à nouveau –, ces systèmes-là ne recherchent pas des amortisseurs mais des accélérateurs de puissance. Ils n’aspirent pas au dialogue et à l’éparpillement des forces mais à leur concentration à des fins supposées d’efficacité. Comme c’est précisément sur ce terrain qu’ils ont été choisis et qu’ils seront demain jugés, rien ne vient jamais les retenir sur ce chemin risqué qui, soit dit en passant, ne ressemble guère à celui qu’avait imaginé François Bayrou lorsqu’il se faisait le promoteur des nouvelles cultures de coalition. Le macronisme, en politique, est a-libéral. Le constater n’est pas lui faire un procès d’intention. C’est constater sa pente, qui vient de loin. C’est dire, preuves à l’appui, sa chance et ses risques à la fois.

 

Emmanuel Macron s'adressera lundi au Congrès, à Versailles, pour tracer les lignes de force de son quinquennat

 

A 15H00, le chef de l'Etat rejoindra l'Aile du Midi du château de Versailles pour s'adresser solennellement aux deux chambres du Parlement réunies et, à travers elles, aux Français.

 

Une sorte de discours sur l'état de l'Union comme celui prononcé chaque année par le président américain, a expliqué le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. Au président, « les grandes orientations », au Premier ministre, leur « mise en œuvre »

 

Mais ce partage des rôles n'est pas du goût de tous parmi les 577 députés et 348 sénateurs conviés à Versailles. Quelques-uns manqueront à l'appel, à commencer par les députés du groupe La France insoumise ainsi que l'ensemble des parlementaires communistes.

 

« Nous nous rebellons », a tonné Mélenchon, dénonçant, tout comme ses anciens alliés communistes, un « franchissement de seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle ».

 

Pour le conducator, Emmanuel Macron ravale son Premier ministre au rang de « collaborateur » en le devançant de 24 heures, les parlementaires communistes dénonçant aussi un passage en force de la réforme du Code du travail à coups d'ordonnances.

 

Deux députés UDI, Jean-Christophe Lagarde et Philippe Vigier, avaient pris les devants. « Il faut que le président de la République préside, plutôt qu'il ne passe son temps à faire à la fois le travail de président de la République et de Premier ministre », avait critiqué le premier.

 

Avant la réforme constitutionnelle de 2008, a cependant rappelé Christophe Castaner, il était "d'usage" que le "président s'adresse à sa majorité" par un message lu par le Premier ministre devant le nouveau Parlement.

 

- Tracer le "chemin" -

 

« François Mitterrand l'avait fait dès juillet 1981, le général de Gaulle, Jacques Chirac, Georges Pompidou, tous l'ont fait, sauf François Hollande et Nicolas Sarkozy. C'est aussi ça le message : (montrer) sur quelles traces, vers quel chemin nous allons travailler ensemble", a-t-il fait valoir.

 

En déplacement en Estonie mercredi, Edouard Philippe a évacué la polémique. « Je pense que, comme toujours, il y aura deux expressions à la fois parfaitement en ligne et en même temps complémentaires », a-t-il dit.

 

Quoi qu'il en soit, ce discours sera d'autant plus attendu que la parole du chef de l'Etat, abondante sur la scène internationale, s'est faite particulièrement rare sur la scène intérieure depuis son investiture, le 14 mai.

 

Emmanuel Macron a de surcroît fait savoir qu'il n'accorderait pas d'interview à l'occasion du 14 Juillet, rompant avec une tradition de 40 ans initiée par Valéry Giscard d'Estaing.

 

Sur le fond, son adresse qui devrait longuement évoquer la réforme du marché du travail pourrait ainsi prendre une dimension similaire à celle, restée célèbre, de Gerhard Schröder, le 14 mars 2003. Annonçant l'"Agenda 2010", le chancelier allemand de l'époque avait promis du sang et des larmes à ses compatriotes mais pavé le chemin du retour au plein emploi outre-Rhin.

 

Le discours d'Emmanuel Macron pourrait faire écho aussi au "Jobs act" de l'Italien Matteo Renzi ou aux réformes libérales engagées par David Cameron en Grande-Bretagne.

 

Mardi, ce sera donc au tour d'Edouard Philippe de détailler la feuille de route gouvernementale devant l'Assemblée.

 

Puis le Parlement entamera ses travaux avec le projet de loi prolongeant le régime d'état d'urgence décrété après les attentats jihadistes du 13 novembre 2015.

 

L'état d'urgence doit être renouvelé une sixième et dernière fois, jusqu'au 1er novembre, avant qu'une nouvelle loi antiterroriste n'en pérennise certaines mesures en les inscrivant dans le droit commun.

 

Et à droite, rien de nouveau :

Laurent Wauquiez et la Région Auvergne-Rhône-Alpes : le chaos

 

La Région Auvergne-Rhône-Alpes traverse une tempête violente. Jamais depuis 1998 et le tristement célèbre rapprochement entre Charles Millon et le Front national, la collectivité (8 800 agents et 3,685 milliards d’euros de budget) n’avait connu pareille tornade. Élus de la majorité et de l’opposition, membres de l’exécutif, salariés, représentants du personnel, interlocuteurs extérieurs, spécialistes en stratégie territoriale, dirigeants consulaires, syndicaux et patronaux, conseillers du Ceser, élus de la Métropole de Lyon… dressent un état des lieux social, humain, organisationnel inquiétant. Même funeste. Avec pour point de cristallisation la personnalité, le comportement et les méthodes de son président Laurent Wauquiez. La collectivité apparaît proche de la rupture. Premier volet de l'enquête. Jeudi 29 juin : "Malaise et souffrances" au sein de l'exécutif, portrait et interview du 1er vice-président Etienne Blanc. Vendredi 30 juin : L'impatience et les craintes du milieu économique.

 

Lire ICI 

 

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2 juillet 2017 7 02 /07 /juillet /2017 06:34
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2 juillet 2017 7 02 /07 /juillet /2017 06:00
« J’ai survécu à pire que vous. Vous n’êtes que des SS aux petits pieds » Simone Veil à Jean-Marie Le Pen

Souvenir d’une belle amie infirmière au CHU de Nantes qui, le lundi soir, pleurait en rentrant du travail : combien de jeunes femmes avaient encore mis leur vie en danger avec des faiseuses d’anges ou des aiguilles à tricoter ?

 

Je ne trouvais pas les mots pour la consoler, je l’écoutais en me jurant que je me battrais auprès des femmes pour que : plus jamais ça !

 

Des aiguilles à tricoter à la loi sur l’IVG  lire ICI 

 

Le 26 novembre 1974, Simone Veil montait à la tribune de l'Assemblée nationale pour prononcer un discours historique afin de défendre sa loi légalisant l'avortement. Elle dû faire face à des adversaires déchaînés, des réactions d'une rare violence.

 

Ils avaient face à eux une femme courageuse, pugnace, intransigeante, florilège :

 

« La peur ne se fuit pas, elle se surmonte. »

 

« L’amour ne se crie pas, il se prouve. »

 

« Les erreurs ne se regrettent pas, elles s’assument »

 

 

Tous les adversaires du projet sur l'interruption de grossesse se sont mobilisés, il y a plusieurs mois, en vue de cette bataille, les yeux fixés sur la ligne bleue de la foi, de l'humanisme ou d'une certaine idée de la France. Ils ont leurs champions : l'ancien garde des Sceaux, Jean Foyer, qui peut chanter toute la messe en grégorien, le frénétique Pierre Bas, qui gifla Mitterrand un jour où il s'était cru outragé, le pharmacien vendéen Paul Gaillaud, le docteur Feit, gynécologue lyonnais de grand renom et député giscardien du Jura. Et encore Gabriel Kaspereit, et surtout le plus prestigieux et le plus torturé, Michel Debré.

 

Tous membres de la majorité présidentielle. Profitant de l’absence des partisans de la libéralisation de l'avortement, le camp des « anti » s'était installé en maître à la commission parlementaire et avait élu, comme rapporteur du projet, l'un des siens - le plus obscur peut-être : Alexandre Bolo, député de Loire-Atlantique qui exerce dans le civil la profession de représentant. Et, en quelques jours, la loi Veil, à laquelle le président de la République tenait tant, s'était trouvée en lambeaux.

 

Les autres, tous les autres députés, les tièdes, les hésitants, les tourmentés, étaient restés silencieux, emmurés dans leur drame de conscience. Dès le dépôt à l'Assemblée du projet de loi, ils avaient reçu un vilain tract à croix gammée, démontrant que la France reprenait à son compte la politique de sélection raciale de Hitler.

 

L'avaient-ils lu ?

 

En quelques semaines, ils avaient été submergés de lettres, de télégrammes, de coups de téléphone, de menaces. Il fallait avoir la tête vraiment solide. Le député de Quimper, Marc Becam, un jeune catholique militant, gaulliste progressiste, disait : « Je reçois, en moyenne, un appel pathétique par jour. C'est vraiment pour moi le vote le plus difficile que j'aie jamais eu à accomplir. Mon chemin est pourtant tracé : c'est celui de l'Eglise. Si je me prononce pour la loi, je crains d'ouvrir une digue - le barrage de Fréjus, comme disait de Gaulle. Mais si je repousse le projet, je me joins aux Pharisiens qui chaque jour acceptent mille avortements clandestins et dorment en paix. »

 

Un autre gaulliste, le « commando » Vivien, interrogeait chaque matin sa femme et ses deux filles, dans l'espoir vain d'entendre l'argument décisif. Quant aux élus du Centre démocrate, survivants de la démocratie chrétienne, ils n'assistaient pas aux travaux de la commission et l'on prétendait méchamment qu'ils se cachaient. Un secrétaire d'Etat, croisant un élu, lui avouait : « Au gouvernement, nous avons de terribles problèmes. Mais du moins nous n'aurons pas à voter sur ce   texte. Et, si j'ose dire, c'est une sacrée chance ! »

 

Devant une assemblée qui compte 9 femmes pour 481 hommes, la ministre s'exprime d'une voix calme, un peu tendue: « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300000 avortements qui chaque année mutilent les femmes dans ce pays, bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours »

 

« Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit de les écouter. C'est toujours un drame », assure-t-elle tout en soulignant que « l'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue ».

 

Son discours d'une heure est chaleureusement applaudi par la gauche. La droite se tait, pour l'instant. Dans les tribunes du public, à l'inverse de l'hémicycle, ce sont les femmes qui dominent, venues en masse écouter la ministre.

 

Suivent alors plus de 25 heures de débats durant lesquelles Simone Veil affronte insultes et propos de « soudards », racontera-t-elle, pendant qu'à l'extérieur, des militants anti-avortement égrènent leurs chapelets. Trois jours et deux nuits de combat contre les tenants de sa propre majorité.

 

Hélène Missoffe, l’une des rares femmes de l’hémicycle, est la première à prendre la parole après la ministre Veil : «Se fermer les yeux, faire comme si le problème n’existait pas, est à la fois lâche, bête et stupide.»

 

Michel Debré, ancien Premier ministre du général de Gaulle, voit dans ce texte « une monstrueuse erreur historique ». Les députés de droite René Feït et Emmanuel Hamel diffusent dans l'hémicycle, à tour de rôle, les battements d'un cœur de fœtus de quelques semaines. Le premier affirme que si le projet était adopté « il ferait chaque année deux fois plus de victimes que la bombe d'Hiroshima ». Jean Foyer, ancien Garde des Sceaux du général de Gaulle, lance: « Le temps n'est pas loin où nous connaîtrons en France ces avortoirs, ces abattoirs où s'entassent des cadavres de petits hommes ».

 

Le pire reste à venir: Hector Rolland reproche à Simone Veil, rescapée des camps de la mort, « le choix d'un génocide ». Jean-Marie Daillet évoque les embryons « jetés au four crématoire ». Jacques Médecin parle de « barbarie organisée et couverte par la loi comme elle le fut par les nazis ».

 

5 avril 1971, l’appel des 343 « salopes »

 

La bataille pour le droit à l’avortement commence bien avant l’arrivée de Simone Veil au gouvernement. La question divise la société. Le 5 avril 1971, 343 femmes réclament le droit à l’avortement dans le Nouvel Observateur. «Un million de femmes se font avorter chaque année en France… Je déclare que je suis l’une d’elles», écrivent Simone de Beauvoir, Delphine Seyrig, Catherine Deneuve, Françoise Sagan, Jeanne Moreau… et d’autres que Charlie Hebdo rebaptisera les «343 salopes». Le manifeste accélère le combat pour les droits des femmes, dans la rue mais aussi devant la justice.

 

Octobre 1972, le procès de Bobigny

 

Marie-Claire, 17 ans, est jugée pour avoir avorté à la suite d’un viol. La mobilisation est forte. Défendue par Gisèle Halimi, la jeune fille sera finalement acquittée. Sa mère sera, en revanche, condamnée à 500 francs d’amende pour complicité d’avortement et la personne ayant pratiqué l’interruption de grossesse, à un an de prison avec sursis.

 

« Simone Veil a imposé l'évidence dans un monde politique profondément archaïque »

 

Simone Veil est morte ce vendredi 30 juin 2017. Ministre de la Santé, elle a défendu la dépénalisation de l'avortement au moment où les mouvements féministes avaient fait de la vie privée des femmes un enjeu politique inévitable. C'est avant tout face à l'archaïsme des députés français que se sera battue l'ancienne ministre, explique l'historienne Michèle Riot-Sarcey.

 

ICI 

« J’ai survécu à pire que vous. Vous n’êtes que des SS aux petits pieds » Simone Veil à Jean-Marie Le Pen
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1 juillet 2017 6 01 /07 /juillet /2017 19:25
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1 juillet 2017 6 01 /07 /juillet /2017 18:35
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