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30 mai 2022 1 30 /05 /mai /2022 06:00

 

Egon Schiele, Femme avec un homoncule, 1910

 

Ainsi fut qualifié, par un lecteur vigneron bourguignon, un petit texte d’un « comment vas-tu y’au poêle ? » officiant chez la vieille dame permanentée du vin, un garçon de coiffeuse pour être dans le vent du féminin.

 

Texticule = Texte + homoncule

 

HOMUNCULE, HOMONCULE, subst. masc. (CNRTL)

 

Être vivant de très petite taille, aux pouvoirs néfastes et surnaturels que les alchimistes du moyen âge prétendaient pouvoir créer :

 

« Il [le comte de Kueffstein] avait la science infuse et Joseph Kammerer, son valet de chambre, a relaté dans son Livre des comptes les aventures de son maître, certaines de ses expériences incroyables, parmi lesquelles la plus merveilleuse, celle de la génération spontanée ou « insolite », dit-il, la création artificielle des homuncules [it. ds le texte].

Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 141.

 

Expression caricaturale et amoindrie de l'homme.

 

« Le comble était qu'ils semblaient déjà résignés, tristes homoncules philosophes d'une philosophie dont le verre à vitre, qui n'empêche point de voir mais empêche de saisir, eût été le symbole et le principe »

Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 21

 

J’ai découvert les homoncules en lisant :

 

De la prolifération des homoncules sur le devenir de l'espèce - Olivier  Bardolle - Livres - Amazon.fr

 

De la prolifération des homoncules sur le devenir de l'espèce d’Olivier Bardolle ICI 

Paru le : 02/05/2008

Esprit des péninsules

 

Essai sur l'hypermodernité décrivant l'homoncule qui sommeille en chaque individu, "petit être doué d'un pouvoir surnaturel", selon Le Larousse ou "miniature d'homme créée par sorcellerie", pour Umberto Eco. Un être avide, égoïste et fasciné par les gadgets électroniques, selon l'auteur. Confirmant la pensée de Baudrillard, il évoque un homme bardé de prothèses "dans un monde qui l'expulse". ©Electre 2022

 

Quatrième de couverture

 

De la prolifération des homoncules sur le devenir de l'espèce

 

Après De l'Excès d'efficacité des systèmes paranoïaques et Des Ravages du manque de sincérité dans les relations humaines, Olivier Bardolle continue ici d'instruire le procès de l'hypermodernité. Sur un mode imprécatoire, mais non dénué d'humour, l'auteur débusque l'homoncule qui sommeille en chacun de nous et rêve de prendre les commandes - un être avide, obsessionnel, égoïste et surtout indifférent aux désastres qui s'accumulent autour de lui : dévastation écologique, enlaidissement du monde, effondrement du savoir vivre ensemble, guerre des clans, ressentiment général accentué par des nouvelles technologies toujours plus isolantes...

 

Entre rigueur d'analyse et souci de l'urgence, Olivier Bardolle sonne le réveil des consciences et entretient l'espoir : « II se pourrait cependant que nous n'ayons que l'homme comme solution. Une fois encore, lui seul, dans cet univers indifférent, peut infléchir le cours des choses. À condition qu'il ose enfin se fier à son désir. À son désir de vivre et pas seulement de survivre. »

 

« Qu’est-ce que l’on entend désormais par élite ? »

 

« La définition même de ce que l’on désigne par ce mot a considérablement évolué… » souligne-t-il.

 

Je vous laisse le soin découvrir l’élite d’autrefois selon Bardolle très « noblesse oblige » au comportement exemplaire où honnêteté, altruisme, éthique, droiture, honneur n’étaient pas des vains mots. Manquent que des noms, mais Bardolle est ainsi fait, comme tout bon sabreur il sait pratiquer l’esquive et ça fait partie de son charme irritant.

 

« Ni vieillard acariâtre, ni Alceste aigri, Olivier Bardolle est un grand gaillard baraqué, à la cinquantaine juvénile, droit dans ses jeans, qui endosse peu souvent une veste, ignore le port de la cravate, circule à moto et préfère écouter Johnny Cash plutôt que le De profundis de Michel-Richard de Lalande. » portrait de Valeurs Actuelles un hebdo bien comme il faut, réac comme un petit Vendéen crotté du bocage les aime « bonjour nôtre maître… » chapeau bas devant Antoine Morrison de la Bassetière dont mon père « battait » (effectuait les battages des céréales de ses métayers en tant que petit entrepreneur). La suite de la bio à la fin.

 

 

 

« (…) l’élite a changé ; elle se caractérise désormais par une certaine propension à s’exonérer du droit commun et à entretenir soigneusement une politique de réseaux, c’est une « élite des affaires », on s’entraide, on se décore mutuellement, on se rend plein de petits services, on pratique, comme Tony Soprano, le trafic d’influence et le commerce des relations. On n’hésite d’ailleurs nullement à s’embrasser à la manière des voyous, avec forte claque dans le dos, afin de vérifier que l’autre n’est pas exagérément armé (…)

 

 

Bardolle cite quelques exemples des pratiques de ce « milieu » comme le coup de fil qui va vous permettre d’ « accéder en vingt-quatre heures au bloc opératoire » là où le commun des mortels, c’est-à-dire ceux qui ne font pas partie de « l’élite », attendent plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

 

 

 

Bref, Bardolle d’embrayer sec comme tout bon motard qui se respecte « avec de telles mœurs, comment voulez-vous que l’on puisse faire confiance à ces grands mâles blancs dépravés qui n’ont rien à  offrir comme exemple que ces combines et ces sempiternels passe-droits ? »

 

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29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 06:00

À la mémoire de DENG Xiaoping, ancien grand dirigeant de la République populaire de Chine, venu étudier et travailler dans le Montargois, dans les années 1920

Montargis (06 au 10.07.1920) : CAI Hesen et son amie XIANG Jingyu exposent à leurs compatriotes leur thèse pour "sauver la Chine et le Monde". Historiquement, ce sera le véritable point de départ de la Chine Nouvelle

Montargis (06 au 10.07.1920) : CAI Hesen et son amie XIANG Jingyu exposent à leurs compatriotes leur thèse pour "sauver la Chine et le Monde". Historiquement, ce sera le véritable point de départ de la Chine Nouvelle 

- "Amitié Franco-Chinoise", association et musée historique

Il se publie des Revues de haute qualité intellectuelle, esthétique, ludique : RELIEFS en est une, son n°15 MARAIS en apporte de nouveau la preuve.

 

Revue Reliefs n° 15 - Marais

 

J’ai choisi ce dimanche, avant de chroniquer un autre jour sur le Marais salant de Guérande, cher à mon cœur, de vous vanter la : PETITE HISTOIRE DU GRAND SOJA

 

 

Pourquoi ?

 

2 raisons :

 

  • Le tofu cher au vegan !

Y en aura pas pour tout le monde - Le soja - Charlie Hebdo

Y en aura pas pour tout le monde - Le soja - Charlie Hebdo

  • L’accord de Blair House en 1992 ICI (ça ne nous rajeuni pas Jean-François)

 

 

Le lancer de « haricots » de soja est une tradition japonaise pluriséculaire, la Chine est le berceau de la plante qui produit des graines rondes comme le petit pois.

 

 

C’est un rite célébré lors du Setsubun (« nœuds de bambou »), fête nationale japonaise, le 2 et 4 février (conformément à l’ancien calendrier lunaire, d’origine chinoise) qui marque l’arrivée du printemps. La veille, les japonais pratiquent le mamemaki : ils lancent des graines de soja par la fenêtre ou par la porte de leur logement pour tenir les démons à distance de leur foyer et attirer la prospérité. En accomplissant ce geste, ils scandent : « On iwa soto ! Fuku wau chi ! (dehors les démons, dedans le bonheur) »

Planche botanique Soja | Selency

Le soja (Glycine max) a probablement été domestiqué dans le courant du IIe millénaire de notre ère, dans le nord-est de la Chine, mais sa culture est beaucoup plus récente que celle du riz et du millet, pratiquées dans cette région quatre millénaires plus tôt. Ce sont les habitants du « pays du millet » qui, les premiers, ont transformé les graines de soja en une multitude de produits alimentaires dérivés.

 

PR Taifun - Zoom champ de soja

 

Le Bencao gangmu (« matière médicale classifiée »), un traité de pharmacopée médicale rédigé au XVIe siècle, attribue ainsi l’invention du tofu à Liu An, au IIe siècle de notre ère.

 

Y en aura pas pour tout le monde - Le soja - Charlie Hebdo

Si la date d’invention du tofu demeure incertaine, on sait en revanche que les Français n’en ont entendu parler que très tard. En 1856, le Bulletin de la Société Nationale d’acclimatation de France décrit pour la première fois le procédé mis au point par M. de Vilmorin pour fabriquer du « fromage de pois ». La première unité européenne de production industrielle de tofu ouvre ses portes en 1908  à Colombes, près de Paris, à l’initiative de Li Shizeng, jeune chinois arrivé quelques années plus tôt à Montargis (Loiret) pour y étudier l’agriculture. Entre 1912 et 1927, plus de deux mille de ses compatriotes se forment sur le sol français. Beaucoup de ces étudiants participent en parallèle avec Li Shizeng à la fondation du mouvement anarchiste chinois : le travail à l’usine de tofu leur permet de financer leurs études avant de rentrer  chez eux. En 1920, Li Shizeng accueille dans son usine Deng Xiaoping, dirigeant de la Chine en 1978 et 1989 qui fait basculer son pays dans l’économie de marché.

 

PR Taifun - Dans les coulisses de la préparation

Deng Xiaoping (1904 - 1997) Le « petit timonier »

 

 

« Peu importe que le chat soit noir ou blanc pourvu qu’il attrape les souris »

Deng Xiaoping, l’habitant oublié de Montargis ICI 

Quasiment oubliée en France, l’histoire des Chinois de Montargis resurgit en 1975 lors de la visite en France du Vice-Premier Ministre chinois, Deng Xiaoping, quand celui-ci demande à visiter Montargis où il aurait vécu au début des années 1920 ! Côté français c’est la surprise. Deng Xiaoping a beau évoquer son travail à l’usine Hutchinson, dans les archives de l’entreprise, aucune fiche de travail ne répond à son nom. On en reste là.

 

Puis en 1982, le maire de Montargis, Max Nublat, est invité en Chine avec des maires de grandes villes de France, surpris de voir le représentant de cette modeste sous-préfecture du Loiret convié à ce voyage. À Pékin, une banderole attend le maire de Montargis pour lui souhaiter la bienvenue ; c’est le seul membre de la délégation à avoir droit à cet honneur. Et l’histoire ne s’arrête pas là : Max Nublat aura même droit à un entretien privé avec Deng Xiaoping, devenu le successeur de Mao, qui évoquera ses souvenirs montargois.

 

Le fin mot de l’histoire ?

 

Quelques passionnés vont s’apercevoir qu’au moment de son passage par Montargis, Deng Xiaoping ne s’appelait pas encore Deng Xiaoping : il utilisait encore son nom de naissance. Et sur sa fiche de travail retrouvée, on peut lire : A refusé de travailler, ne pas reprendre. De cette époque date le début de l’engagement militant de Deng Xiaoping.

 

Deng Xiaoping a séjourné en France dans sa prime jeunesse ; quand il est parti, il était au sortir de l’enfance, à son retour il savait déjà ce qu’il allait faire de sa vie au service de son pays et de ses compatriotes. Discours du Président chinois, Hu Jintao, pour le 100ème anniversaire de la naissance de Deng Xiaoping en 2004

 

Aujourd’hui encore, les liens restent forts. Depuis 2005, un circuit commémoratif des Chinois à Montargis rend hommage à l’histoire. En 2014, une place Deng Xiaoping a été inaugurée à Montargis, suivie, en 2016, par un Musée Historique de l’Amitié Franco-Chinoise. Le Lycée en Forêt à Montargis enseigne depuis de nombreuses années le mandarin et des échanges sont réalisés avec le lycée n°1 de Changsa, capitale de la Province du Hunan. Et les choses pourraient encore s’accélérer puisque l’université Tsinghua de Pékin, 1ère université chinoise, envisageait, avant la crise sanitaire, d’ouvrir une antenne à Montargis. Affaire à suivre.

 

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28 mai 2022 6 28 /05 /mai /2022 06:00

 

ActuaLitté

J’ai découvert cette éditrice grâce à deux auteurs : Milena Agus ICI et Andreï Kourkov ICI , Mal de pierres découvert à Ajaccio et le Pingouin

 

Depuis, j'ai lu tous les livres de ces auteurs et, bien sûr, j'ai chroniqué souvent sur eux, mais comme je suis un fainéant je ne vais pas vous mâcher le travail en vous donnant les liens. 

 Mal de pierresLe Pingouin

 

LIANA LEVI

 

éditrice et journaliste italienne

 

BIOGRAPHIE DE LIANA LEVI

 

Tout juste bachelière, Liana Levi quitte Milan pour rejoindre la France et franchir les portes de Sciences po. Devenue correspondante pour plusieurs journaux italiens à Paris mais rêvant de devenir éditrice, elle fonde en 1982 la maison d’édition qui porte son nom. Avec une trentaine de titres par an, cette dernière est vite reconnue pour l’exigence et la qualité de son catalogue, qui compte parmi ses auteurs à la plume louangée : Andreï Kourkov, Milena Agus ou Kim Thuy. En 2002, à l’occasion des 20 ans de sa maison, une collection de poche (Piccolo) vient augmenter un catalogue déjà riche de centaines de titres. Engagée, Liana Levi représente également la petite édition au bureau du Syndicat national de l’édition et s’engage dans la bataille opposant Google à la majorité des éditeurs français.

Mes dernières lectures

Une saison douce

Les abeilles grises

Tribulations d’un précaire

Un voisin trop discret

Avec la permission de Gandhi

Une amitié

Unité 8200Les Chemins de la haine

Les oubliés de Londres

Le Grand Effondrement

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27 mai 2022 5 27 /05 /mai /2022 06:00

 

Il y avait sur les toiles « Le jour le plus long » ; maintenant il y a sur la toile « la fiche la plus longue de Pax »

JANINE DARCEY

 

Date et lieu de naissance:

14-01-1917, à Asnières-sur-Seine, Hauts-de-Seine, France.

 

Date et lieu du décès:

01-10-1993, à Fontenay-les-Briis, Essonne, France.

 

Cause du décès:

Probablement de mort naturelle à l'âge de 76 ans.

 

Nom de naissance:

Janine Renée Casaubon.

 

État civil:

Mariée en 1937 avec : PIERRE TORRE - divorcée en 1941.

 

Mariée avec l'acteur : GÉRARD LANDRY.

 

Mariée en 1945 avec le chanteur et acteur : SERGE REGGIANI - divorcée en 1955.

 

Ils eurent deux enfants :

 

Stéphan, né en 1945. Chanteur, auteur, compositeur se suicidera en 1980

 

Carine, née en 1951. Chanteuse, qui fera partie de la troupe de Big Bazar de Michel Fugain.

 

Mariée le 6 mars 1957 avec l'écrivain : MICHEL JACOVLEFF.

 

Janine DARCEY a joué dans :

 

1994 - Priez pour nous

1991 - Un Homme et deux femmes

1991 - Une époque formidable...

1991 - La Montre, la croix et la manière

1989 - Moitié-moitié

1987 - Le Complot

1983 - Le Bon plaisir

1979 - L'Adolescente

1978 - La Carapate

1978 - Coup de tête

1974 - Le Fantôme de la liberté

1972 - Le temps d'aimer

1967 - Les Risques du métier

1962 - Le Glaive et la balance

1959 - Un témoin dans la ville

1954 - Du rififi chez les hommes

1953 - Les Enfants de l'amour

1953 - Les Compagnes de la nuit

1948 - Le Mystère de la Chambre Jaune

1948 - Retour à la vie

1947 - Le Dessous des cartes

1946 - Un drame au cirque

1943 - Le Carrefour des enfants perdus

1943 - La Bonne étoile

1942 - Les Petits riens

1942 - Cap au large

1942 - L'Auberge de l'abîme

1941 - Parade en 7 nuits

1941 - Tobie est un ange

1941 - Old Bill and son

1941 - Six petites filles en blanc

1940 - Sixième étage

1940 - La Nuit merveilleuse

1939 - Entente cordiale

1939 - Cavalcade d'amour

1938 - Entrée des artistes

1938 - Remontons les Champs-Élysées

1938 - Je chante

1938 - Le Drame de Shanghaï

1937 - Orage

1937 - Double crime sur la ligne Maginot

1937 - Yoshiwara

1937 - Soeurs d'armes

1937 - La Loupiote

1936 - La Tendre ennemie

1936 - Le Mioche

1936 - L'Assaut

 

Janine DARCEY a joué dans la série ou le téléfilm :

 

1985 - Un Garçon de France

1984 - L'Amour en héritage

1980 - Julien Fontanes, magistrat

1974 - Messieurs les jurés

1971 - Maigret à l'école - Maigret 13/88 1971

1970 - Madame êtes-vous libre?

1967 - Les Enquêtes du commissaire Maigret

 

 

 

 

 

Aujourd’hui c’est « Un témoin dans la ville » 1959

 

TEMOIN DANS LA VILLE, UN" MOVIE POSTER - "UN TEMOIN DANS LA VILLE" MOVIE  POSTER

 

Pourquoi ce film ?

 

C’est souvent selon l’humeur et/ou les caprices de Ciné papy que, semaine après semaine sont rédigées les fiches initialement prévues pour être mises en pages le mercredi.

 

Mais parfois, on peut trouver un fils conducteur après une décision précise.

 

On prétendait coller quelque peu à l’actualité. C’est ainsi que fut proposé un film sur le monde de balle au pied en France profonde. L’acteur vedette de ce film : Patrick Dewaere amena à un film où il formait avec Lino Ventura la vedette d’un film ou éclatait leurs qualités professionnelles autant qu’humaine.

 

Aujourd’hui c’est la présence étonnante de Lino Ventura au film de ce jour véritable ovni dans le cinéma français

 

Quelle est l’histoire ?

 

Pierre Verdier lors d’une dispute tue sa maîtresse Jeanne en la précipitant d'un train en marche. Il obtient un non-lieu au bénéfice du doute et repart libre.

 

Quelques jours plus tard, Verdier rentre chez lui en voiture mais une collision sans gravité avec un autre automobiliste dans le Bois de Boulogne, le contraint à continuer à pied en pleine nuit.

 

Au même moment, le mari de la victime, Ancelin, entre par effraction au domicile de Verdier déterminé à venger le meurtre de sa femme malgré le fait qu'elle l'ait trompé. Il attend Verdier, qui arrive peu de temps après et appelle un radio-taxi mais il se trouve face à face avec Ancelin, qui l'étrangle. Ancelin maquille son forfait en suicide en plaçant un nœud coulant autour du cou de sa victime.

 

Il quitte l'immeuble, mais se heurte à Lambert, le chauffeur de radio-taxi venu chercher Verdier. Ancelin s'esquive, malgré l'insistance de Lambert qui croit d'abord avoir affaire à son client, avant de penser qu'il s'agit d'une erreur.  Mais Ancelin se ravise et revient pour éliminer un témoin gênant, mais le taxi s'éloigne. Il a cependant le temps de noter son numéro d'immatriculation.

 

Alors va commencer une double chasse à l’homme. Ancelin va tout faire pour retrouver Lambert et Lambert, avec ses collèges taxis tout faire pour tenter de l’empêcher de nuire et le livrer à la police

 

 

Réalisation

 

Édouard Molinaro

 

Une soixantaine de films et de téléfilms en 40 ans de carrière pour ce cinéaste que personne ne peut prétendre ne pas connaître tant il rencontra des succès critiques et commerciaux.

 

Il connaît le succès au cours des années 1960 grâce à des comédies, dont « Oscar » 1967 et « Hibernatus », 1969 avec Louis de Funès. En 1969   « Mon oncle Benjamin, » avec Jacques Brel et Claude Jade. Brel est de nouveau en vedette en 1973 dans « L'Emmerdeur », aux côtés de Lino Ventura. « La Cage aux folles », 1978 adaptée de la pièce de Jean Poiret, et dont les rôles principaux sont tenus par Michel Serrault et Ugo Tognazzi, est un grand succès commercial. Le film totalise 5,4 millions d'entrées en France et plus de 8 millions aux États-Unis.

 

Dans les années 1980, Molinaro réalise notamment « Pour cent briques, t'as plus rien... » 1982 avec Gérard Jugnot et Daniel Auteuil. Ce dernier tourne également dans « Palace » 1985 et « L'Amour en douce » 1985, qui révèle Emmanuelle Béart En « Le Souper » 1992,  est l'adaptation du même nom de Jean-Claude Brisville. Molinaro réalise Beaumarchais, l'insolent en 1996, un film biographique consacré à Beaumarchais avec Fabrice Luchini dans le rôle du célèbre écrivain, tourné à partir d'un scénario inachevé de Sacha Guitry. Le film réalise deux millions d'entrées.

 

Ciné papy est persuadé que dans ces titres choisis dans la filmographie de Molinaro chacun retrouvera un film qui l’a marqué. On observera que cet excellent faiseur collectionnait les succès que ce soit sur un mode comique ou plus sérieux.

 

Voilà ce qu'il en est quand on suit son petit bonhomme de chemin sans se préoccuper de l'air ambiant. Il fut contemporain de la Nouvelle Vague mais ne s'associa pas au mouvement.

 

Un témoin dans la ville Film 1959 - Télé Star

 

Qui fait quoi ? (voir la dernière vidéo)

 

Lino Ventura :                         Ancelin, un camionneur qui liquide l'amant et assassin de sa femme

 

Sachez que pour la rédaction des fiches *, Ciné papy va du plus simple au plus compliqué. La présente fiche, l’une des plus longues – 7 pages – une des moins faciles laisse de vieux Ciné  papy, sur le flan. Il a hâte de passer à autre chose.

 

Aussi, aujourd’hui, il fera l’impasse sur la note consacrée à Lino Ventura.

On ne présente plus ce « monstre sacré » du cinéma français que personne n’ignore et dont il a largement été question dans la dernière fiche et quelques autres auparavant.

 

* Il n’est pas  exclus qu’un de ces jours, Ciné papy, en lieu et place de la présentation d’un film, ne s’amuse, comme un petit prétentieux qui se prendrait au sérieux, à raconter « le making of » d’une fiche.

 

Un Témoin Dans La Ville: Lobigo.fr: | Édouard Molinaro (Réalisateur)

Sandra Milo :                           Liliane, la fiancée de Lambert, standardiste des radio-taxis

 

Sa sensualité et sa forte personnalité l'imposent à l'écran dans la deuxième moitié des années 1950. Elle tourne avec Édouard Molinaro, Jacques Becker, Roberto Rossellini, Federico Fellini, Antonio Pietrangeli (qui l'a découverte), Dino Risi, Claude Sautet, et parvient à une notoriété internationale dans une trentaine de film.

 

Daniel Ceccaldi :           le client étranger du taxi

 

Un témoin dans la ville de Edouard Molinaro (1959), synopsis, casting,  diffusions tv, photos, videos...- Télé-Loisirs

Daniel Ceccaldi est avant tout un homme de théâtre, s'illustrant surtout, entre 1946 et 1997, dans des pièces de boulevard.

 

Formé au cours de Tania Balachova, il tourne son premier film, « Le Diable boiteux » 1948, de Sacha Guitry .Il obtient son premier grand rôle en jouant Henri d'Anjou dans La « Reine Margot » 1954 aux côtés de Jeanne Moreau.

 

Daniel Ceccaldi est célèbre pour son rôle de Lucien Darbon, le père de Claude Jade, dans les films de François Truffaut, « Baisers volés » 1968 et « Domicile conjugal » 1970 .Il est aussi connu pour le rôle d'arnaqueur dans « Pouic-Pouic » 1963 de Jean Girault.

 

De plus, il travaille notamment pour les cinéastes Jacques Becker, Édouard Molinaro, Henri Verneuil, Pascal Thomas et Philippe de Broca.

 

UN TEMOIN DANS LA VILLE

 

Robert Dalban :             Raymond, un chauffeur de taxi jovial, qui a trente ans de maison

 

 C'est la tonitruante réplique de son personnage du majordome Jean dans Les « Tontons flingueurs » 1963de Georges Lautner qui marque durablement les esprits. Pour ceux ou celles qui voudrait en savoir plus prié de se reporter à toutes les fiches ou la rubrique « qui fait quoi » mentionnent Robert Dalban. C'est comme ça et pas autrement ! « Yes, sir ! »

 

Micheline Luccioni :             Germaine, une femme chauffeur de taxi

 

Elle est remarquée dans « Gervaise » 1956 de René Clément, son premier rôle au cinéma, mais c'est le théâtre qui lui apporte la consécration avec de nombreux rôles comiques.

 

Janine Darcey :             la propriétaire de l'hôtel

 

Ciné papy avoue un faible en raison de sa présence dans un de ses films cultes « Entrée des artistes » 1938 de Marc Allégret avec Louis Jouvet. Elle tient avec beaucoup d’ingénuité le rôle principal de la jeune première Isabelle. (Voir fiche)

 

Jacques Monod :           l'avocat de Verdier

 

Encore une tronche reconnaissable de ces seconds rôles dont raffolaient les réalisateurs et spectateur du cinéma de Ciné papy.

 

Jacques Monod n’aborde véritablement le septième art que vers le milieu des années cinquante, notamment avec « Je reviendrai à Kandara » 1956, auprès de Daniel Gélin et Bella Darvi, « Les Grandes Familles » 1958, avec Jean Gabin et Pierre Brasseur, et « Les 400 coups » 1959 de François Truffaut.

 

Dans les années soixante, on peut voir Jacques Monod dans un grand nombre de films et/ou de téléfilms, tenant des rôles plus ou moins importants.

 

Jouant des rôles de notables, il a imposé au public une silhouette devenue familière aux spectateurs des salles obscures, d'autant plus que ses apparitions à la télévision se multiplient : Vidocq, les Compagnons de Baal, Les Cinq Dernières Minutes, Les Brigades du Tigre, etc.

Au tournant des années soixante-dix, le cinéma néglige de plus en plus les seconds rôles. Jacques Monod sera victime de cette politique économique préjudiciable à la qualité de notre production.

 

Michel Etcheverry :              le juge d'instruction

 

Brève biographie de Wikipédia pour un très grand acteur de théâtre.

D'abord instituteur, il est renvoyé en 1941 pour avoir refusé de faire chanter aux enfants Maréchal, nous voilà !. Il commence sa carrière au théâtre comme régisseur, puis entre dans la troupe de Louis Jouvet.

Il entre à la Comédie-Française en 1961, est nommé sociétaire en 1964, sociétaire honoraire en 1984. Son répertoire comporte de nombreuses tragédies du répertoire classique.

 

Jean Daurand :             Bernard, un chauffeur de taxi habitué du café

 

Connu du grand public pour son rôle récurrent d’adjoint du commissaire Bourrel à la télévision. Série à succès nommée « Les cinq dernières minutes » L’intrigue se terminait par le dénouement annonce par Raymond Souplex frappant un de ses poings dans la paume de l’autre main : « Bon sang ! Mais c’est bien sur… »

 

René Hell :                       "Grand-père"

 

Quelques 180 films pour ce second rôle traversant les réalisations de pointure comme Verneuil, Autant-Lara, Maurice Tourneur, Duvivier, Guitry et souvent plusieurs fois

 

Jacques Jouanneau :           le propriétaire du garage Magdebourg

 

Il faisait partie de ces acteurs qui donnaient du relief aux plans secondaires, qui existaient davantage par leur visage, leur gouaille que par leur nom, qui ont donné quelques titres de noblesse aux seconds rôles de cinéma. Cet acteur a joué avec de grands réalisateurs : François Truffaut, Jean Renoir ( 2 fois) René Clair , dans l’ombre des Jean Gabin et des Gérard Philipe.

Il s’imposa sur grand écran, mais sans jamais quitter les planches. Tout au long de sa vie, il se partagea entre théâtre de boulevard et cinéma, cumulant plus de trente pièces et cinquante longs-métrages. Il fut un incontournable partenaire de Jacqueline Maillan.

 

Un témoin dans la ville de Edouard Molinaro (1959), synopsis, casting,  diffusions tv, photos, videos...- Télé-Loisirs

Robert Castel :               Bob la Tenaille

 

Essentiellement un acteur de théâtre de boulevard reconnaissable à son accent pied noir. Il formait souvent un tandem avec Marthe  Villalonga. Il fut un personnage récurrent de la série « Les Saintes Chéries » à la télévision

 

Paul Bisciglia :                un chauffeur de taxi

 

Encore un  prolifique comédien, spécialisé dans des seconds rôles, avec près de 200 films à son actif. Beaucoup de cinéma populaire Il était également le jeune marié dans « Les Vieux de la vieille » 1960 de Gilles Grangier, le curé dans « Hibernatus » 1960 d'Édouard Molinaro.

 

Un Français moyen dans « On a retrouvé la septième compagnie » 1975 de Robert Lamoureux et le bagagiste dans « L'Aile ou la cuisse » 1976 de Claude Zidi.

 

Il fut aussi un acteur important pour l’œuvre de Jean Anouilh dont il créa plusieurs pièces et assura la reprise de beaucoup d’autres.

 

Gérard Darrieu :                Pierre, un camionneur collègue d'Ancelin

 

Gérard Darrieu commence sa carrière comme décorateur de théâtre et assistant à la mise en scène4. En 1946, il devient comédien, jouant au théâtre, au cinéma et à la télévision. Au théâtre, Il monte sur les planches des théâtres parisiens sous la direction de Robert Hossein puis de bien d'autres, dont Louis Jouvet, Roger Planchon, Jean Vilar, Luchino Visconti ou Roger Blin .. Son physique athlétique et sa voix grave lui conféraient une forte présence sur scène  immédiatement identifiable. Quand on aura précisé qu’on le trouve bien à sa place, dans « Z » 1968 de Costa-Gavras – rôle : Bonne, militant d’extrême droite et dans « Le professionnel » 1981 de Lautner – rôle : l’instructeur  Picard, plus personne n’aura du mal à mettre une tête sur ce nom.

 

Billy Kearns :                           le soldat américain client du taxi

 

Sa gueule que tous reconnaissent tant il crève l’écran, mérite cette notule reprise de Wikipédia.

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, Billy Kearns sert en Europe dans la 10e Division de montagne (Infanterie légère), un corps d’élite de l’armée américaine formé de skieurs et d’alpinistes2. En 1954, iI s'établit en France en tant que comptable pour la American Battle Monuments Commission, une agence indépendante du gouvernement des États-Unis chargée de l'entretien des monuments et cimetières militaires américains hors des États-Unis. L’année suivante, il écrit sur divers sujets (sport, économie…) dans une publication en langue française de l’Agence de l'information des États-Unis. En 1958, il répond à une annonce parue dans The International Herald Tribune cherchant un acteur américain. En dépit de son inexpérience, il est embauché sur le champ. C’est le début d’une carrière d’acteur relativement tardive mais très prolifique, qu'il mène essentiellement en France, où son originalité, son visage qu’il qualifie lui-même de bulldog mug et sa façon de parler parsemée d’américanismes sont appréciés. On fait appel à lui pour de nombreux seconds rôles, alternativement d’Américains ou de Britanniques, dans plus de 150 films, plusieurs téléfilms français et pièces de théâtre. Il effectue aussi le doublage de rôles dans 1 200 films. En 1965, dans la série télévisée Bob Morane, il incarne le personnage de Bill Ballantine, ami inséparable du Commandant Morane incarné par Claude Titre.

 

Dora Doll :                        une prostituée

 

Comme pour Robert Dalban on se reportera utilement aux fiches de Ciné papy tant sa carrière, des deux côtés de l’Atlantique fut riche.

 

Pour une fois on s'attardera à sa vie privée qui ne fut pas moins riche.

 

Elle est la première épouse de l'acteur Raymond Pellegrin, avec qui elle se marie en 1949, ils ont une fille Danielle, l'année suivante. Ils divorcent en 1954, année où elle commence une liaison avec Jean Gabin qui dure deux ans. La rumeur lui prête également une relation avec Marlon Brando. Elle se marie ensuite avec François Deguelt

 

Michel Thomass :                   le client de la prostituée

 

Encore une tronche Reconnaissable par son physique imposant, son crâne chauve et sa moustache, Michel Thomass est notamment connu pour ses petits rôles au cinéma et son travail pour la publicité. Il a tourné dans une soixantaine de films et séries télé entre 1956 et 1977.

 

Il apparaît dans quelques films américains dont « Charade » en 1963 où il joue face à Audrey Hepburn ce qui devrait permettre à tous de mettre un visage sur son nom. Il retrouve l'actrice l'année suivante dans « Deux têtes folles » 1964  où il donne la réplique à William Holden. Entre 1966 et 1969, il apparaît dans trois films réalisés par Terence Young.

 

Henri Marteau :            le client amoureux

 

Les amateurs de cinéma de l'après-guerre, se souviendront du visage d'Henri Marteau, second rôle assez prolifique, mais dont le nom a été quelque peu oublié.

 

Ses débuts, à la limite de la figuration, expliquent son absence de certains génériques. Il apparaît quelques secondes dans « Un témoin dans la ville », dans « Le Grand Restaurant » 1966 avec Louis de Funès où il incarne tout aussi brièvement, le deuxième inspecteur. Dans « Le mors aux dents » 1979, il sera ministre, puis automobiliste en panne dans le film de Jean L'Hôte, « La Communale », 1965 trafiquant dans « Une Sale Affaire » 1981. On notera surtout sa prestation comme colon français et père de Catherine Deneuve, dans « Indochine »1992.

 

On le découvrira plus facilement à la télévision, dans Les coquelicots sont revenus et Poil de carotte de Richard Bohringer. Également au détour de bon nombre d'épisodes des Cinq Dernières Minutes avec Raymond Souplex, mais aussi dans la saison avec Jacques Debary.

 

 

 

Guy Piérauld (ou Pierrauld):              le portier de la boîte de strip-tease

 

C'est grâce à la télévision qu'il se fait connaître du grand public, en participant cinq ans durant à l'émission dominicale « Sérieux s'abstenir » (1965-1973). Poussé par Roger Carel, il se lance dans l'univers du doublage dont il devient l'une des plus célèbres voix, dont celle de Bugs Bunny pendant près de 40 ans, mais aussi de Woody Woodpecker8, Kiri le clown ou Looping (dans Satanas et Diabolo). Il est également la voix régulière de Red Buttons ou de Don Adams dans la série « Max la Menace ». Il prête également sa voix au personnage d'Astérix dans un feuilleton radiophonique diffusé sur Radio Luxembourg en 1960, tandis que celle d'Obélix est interprétée par Albert Augier.

 

Il s'essaye parallèlement à l'opéra (L'Histoire du soldat d' Igor Stravinsky) et enregistre des chansons pour plusieurs livres-disques Disney.

 

Au cinéma, il est notamment apparu dans « Domicile conjugal » 1970 de François Truffaut. Enfin, il a connu une importante notoriété auprès de la nouvelle génération au début des années 1990 en jouant le rôle de Monsieur Albert dans la série télévisée « Le Miel et les Abeilles » (1992-1994).

 

Jimmy Perrys :              un bistrot

 

Après avoir débuté à la fin des années 19203 comme danseur fantaisiste4

 à Bobino, au Moulin-Rouge et à l'Empire puis à l'ABC et aux Deux-ânes, il a été cantonné après-guerre dans des rôles secondaires, voire de figuration, au cinéma à l'ombre de grandes vedettes comme Jean Gabin, Fernandel, Louis de Funès ou Bourvil. Il a tenu le pittoresque rôle du cocher du vin du Postillon, plus vrai que nature, dans « Un cheval pour deux» 1961

 

Jacques Préboist :                 un voyageur du métro

 

Jacques Préboist est le frère de Paul Préboist. Comme celui-ci, il débuta comme jockey, métier qu'exerçait leur père.

 

Il participera durant sa carrière à plus de 300 films et téléfilms, principalement comme figurant. La plupart des films où il est visible voient aussi à l'affiche son frère Paul qui avait des rôles plus importants.

 

Il consacrait l'essentiel de sa carrière aux cabarets, où il présentait des spectacles qui le mettaient en scène.

 

Jean Ferrat :                                      un voyageur du métro

 

Et oui, notre Ferrat national qui fit, au cinéma, deux caméo tel Hitchcock apparaissant dans ses propres films

 

Lucien Desagneaux :                     un chauffeur

 

Surtout connu pour sa participation dans « La Bataille du rail » 1946 de René Clément. Près de 57 films par la suite avec plutôt des seconds petits rôles voir de la figuration intelligente, si l’on peut dire car essentiellement cantonné dans des rôles de policiers ou de gendarmes. Il figure aux génériques de films réalisés par Lang, Tourneur, Duvivier (2fois), Guitry (2fois), Decoin, Reed, Allegret, Sautet (2fois) ,Donen, Costa-Gavras, Denis de La Patelière , Malle, Grangier (2 fois), Cayatte, Gene Kelly. Que du beau monde. Soit il avait un excellent agent soit il faisait vraiment bien dans le décor.

 

 

Bons Moments

 

La dernière scène ou les chauffeurs de taxi, toujours guidés par le central téléphonique, rattrapent et encerclent Ancelin, tous phares allumés au milieu d'une place.

 

Ce dernier refuse de se rendre et, brandissant son pistolet dont les munitions sont épuisées, provoque la riposte des tirs de la police sous lesquels il meurt. Ces scènes peuvent être rapprochées du film devenu culte premier film parlant de Fritz Lang « M le Maudit » 1931

 

 

Sans oublier les scénaristes

 

Édouard Molinaro, Gérard Oury, Alain Poiré, Georges Tabet, Pierre Boileau et Thomas Narcejac.

 

Il a fallu tout ce monde pour confectionner ce film qui, pour Ciné papy constitue un ovni dans le monde du cinéma français, même de cette époque. (Il s’agit là d’une simple observation et nullement d’un jugement qualitatif.)

 

Pax

 

Prochainement « Avant le déluge »

 

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26 mai 2022 4 26 /05 /mai /2022 06:00

Le blocage des ports ukrainiens, Kiev étant le cinquième exportateur mondial de blé, explique la flambée des prix du blé depuis le 24 février, date de l’invasion russe.

 

L’Afrique affamée par la spéculation sur les céréales ICI 

 

Photo

Dessin de Bénédicte paru dans 24 Heures Lausanne

 

Les prix alimentaires ont augmenté de 30 % en un an. Pourtant, malgré la guerre en Ukraine, les ressources sont stables et il n’y a pas de pénurie. Mais des fonds de pension jouent sur les prix de la nourriture, aggravant la faim sur une grande partie du continent.

Margot Gibbs, Thin Lei Win, Sipho Kings

 

The Continent

Johannesburg Hebdomadaire en Anglais 

 

C’est au cœur d’un monde bouleversé par la pandémie de Covid-19 que The Continent s’est lancé, en avril 2020. Ce média original a pour ambition de réunir “les meilleurs des reportages” faits aux quatre coins du continent africain. “Jamais le besoin d’avoir accès à une information précise, profonde et juste n’a été aussi pressant”, écrit le titre dans son premier éditorial. “Nous ne pouvons vous distribuer des tests de dépistage. Nous n’avons pas de respirateurs, mais nous avons un travail vital à faire : vous informer.” Adossé au très réputé journal sud-africain Mail & Guardian, The Continent est un hebdomadaire disponible gratuitement, au format PDF, et pensé pour être partagé sur les réseaux sociaux.

 

 

Des contrats alimentaires de plus en plus spéculatifs

 

Le cours du blé de meunerie à Paris, plus grand marché aux grains d’Europe, est symptomatique de la conjoncture actuelle. En 2018, environ un quart des contrats alimentaires étaient spéculatifs. Ce chiffre a depuis triplé, pour atteindre trois quarts.

 

Ces marchés permettent aux futurs stocks d’être vendus dès aujourd’hui. Habituellement, un agriculteur estime le volume de sa récolte en fin de saison ; un négociant convient de l’acheter à un prix donné. L’agriculteur est alors rémunéré pour acheter de l’engrais et tout ce dont il a besoin pour produire cette récolte. Ensuite, il livre le blé. Cette série d’étapes présente toutefois des risques : les récoltes peuvent être mauvaises, des guerres sont susceptibles d’éclater, une récolte exceptionnelle peut entraîner un effondrement des prix.

 

Pour gérer ce risque, le négociant peut vendre un contrat pour le même volume de céréales sur le marché à terme. C’est à ce stade qu’intervient le spéculateur : un investisseur peut parier sur une hausse du prix d’ici à la récolte [en raison de la météo ou d’une pénurie, par exemple] et acheter le contrat proposé. Si le prix augmente, l’investisseur encaissera la différence.

 

Une spéculation maîtrisée permet aux agriculteurs et à leurs acheteurs de limiter leurs risques et de prémunir leurs revenus des imprévus et des instabilités. Mais si la spéculation est excessive, la demande artificielle des spéculateurs peut pousser à la hausse les prix des contrats à terme, indépendamment de l’offre et de la demande réelles. Et comme les prix de ces contrats servent de référence pour le cours réel du blé, les prix alimentaires en font les frais.

 

Le rôle néfaste des fonds de pension

 

Depuis le début du XXIe siècle, les investisseurs institutionnels comme les fonds de pension se sont engagés sur les marchés à terme de matières premières, qui sont vus comme une protection contre l’inflation. Les prix des contrats à terme sont [donc] dictés par les arbitrages de ces organismes en matière d’investissement, qui n’ont rien à voir avec les fondamentaux du marché.

 

Normalement, la nourriture est achetée en supposant qu’elle peut être revendue avec une marge. Plus il y a de nourriture, moins elle coûte cher et moins il y a de bénéfices à en tirer. Par conséquent, les prix alimentaires évoluent d’une année à l’autre, car les sécheresses et les inondations alternent avec les récoltes exceptionnelles dans les différentes régions du monde. En revanche, une spéculation excessive des investisseurs, qui voient l’alimentation comme n’importe quelle autre matière première, change la donne. L’offre et la demande ne sont plus les principaux arbitres des prix. Depuis une quinzaine d’années, ce phénomène a créé de fortes fluctuations alors même que les réserves mondiales sont stables.

 

Teucrium et Invesco, deux prédateurs financiers

 

Entre janvier et avril 2022, au moins 1,3 milliard de dollars a été versé dans deux fonds de contrats de marchandises, gérés par Teucrium et Invesco. En octobre 2021, le gestionnaire de Teucrium responsable du blé écrivait sur le site de l’entreprise : “Si l’inflation des prix alimentaires risque d’avoir des effets négatifs sur l’économie mondiale, les investisseurs éclairés pourraient tirer partie d’une tendance à la hausse des prix.”

 

Auteur d’un rapport sur les prix alimentaires paru au printemps 2022, le groupe de travail d’Olivier De Schutter (rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, et coprésident du Groupe international d’experts sur les systèmes alimentaires durables - Ipes-Food) a souligné que “les prédateurs financiers qui font des paris sur l’alimentation” et “jouent sur les prix de la nourriture” étaient des facteurs à l’origine de la flambée des prix.

 

En réponse, Teucrium s’est contenté de déclarer que “les flux d’investissement dans les matières premières permettent, à terme, un approvisionnement (alimentaire) plus fiable et un gain de stabilité sur la durée”. Invesco, lui, a souligné la violence des phénomènes météorologiques pour justifier les fluctuations des prix.

 

La suite ICI

Une grosse partie des exportations de céréales ukrainiennes sont désormais exportées depuis le port de Constanta, en Roumanie. — © REUTERS/Olimpiu Gheorghiu

 

BONUS (demander au Taulier les articles)

 

La crise des céréales ukrainiennes décryptée à Genève ICI

AGRICULTURE

 ABONNÉ

Un colloque réunit cette semaine des négociants suisses, actifs en mer Noire, et des politiques ukrainiens, sur fond de crise alimentaire mondiale. Kiev cherche des solutions pour exporter, par rail, ses denrées agricoles

En pleine guerre, de nouvelles routes céréalières se forment à Genève ICI

MATIÈRES PREMIÈRES

 ABONNÉ

Un tiers des exportations mondiales de grains venaient de mer Noire avant la guerre en Ukraine. Les négociants, concentrés sur l’Arc lémanique, cherchent d’autres fournisseurs pour les marchés africains et du Moyen-Orient notamment, quand ils ne se font pas doubler par des concurrents à Dubaï ou à Singapour

Entreposage de blé dans le village de village de Zhovtneve, en Ukraine. Photo d'archive. — © Valentyn Ogirenko/Reuters

En Ukraine, la guerre du blé ICI

ALIMENTATION

 ABONNÉ

Comment exporter les millions de tonnes de céréales qui s’amoncellent en Ukraine et dont dépend la survie de millions de personnes? La communauté internationale s’active

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25 mai 2022 3 25 /05 /mai /2022 06:00

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La question du jour : « Ultracrépidarianisme : pourquoi certains ont-ils une opinion sur tout ?»

 

Pour madame, monsieur tout le monde, dont je suis, se rendre chez son caviste c’est, prosaïquement, aller acheter du vin. Bien évidemment, s’il est compétent, s’il connaît ses clients, ce commerçant, qui achète pour revendre, vous fait bénéficier de ses conseils pour que vous puissiez découvrir la vigneronne ou le vigneron qui monte, et Dieu sait que ça foisonne les petites bêtes qui montent.

 

Avec le vin nu est apparu une nouvelle race de caviste : le caviste militant, en général tendance insoumis, qui se faisant tellement chier dans son échoppe passe son temps à martyriser son clavier, non pour nous abreuver de ses découvertes de nectars nu, mais pour inonder les réseaux sociaux de ses opinions, en général tranchées comme le saucisson, sur tout et le contraire de tout.

 

« Je ne vais pas énumérer ici ses champs de compétence, ils sont sans limites puisqu’il sait tout sur tout et le contraire de tout. »

 

Afin d’éclairer votre lanterne je vous propose de lire les explications d’Hadrien Chevalier sur cette engeance sans qui on ne peut plus prendre une décision sans avoir recourt à leurs lumières.

 

« Il est complètement ridicule de penser que votre opinion d'amateur a une quelconque valeur. D'ailleurs, voici la mienne sur ce sujet que je n'ai pas du tout étudié. »

 

« Nous avons tous des croyances (ou opinions). Par exemple, qu'on ne mourra pas demain (quand on est jeune et en bonne santé), qu'il ne faut pas mettre ses doigts mouillés dans une prise électrique, qu'il ne vaut mieux pas essayer de sauter du dixième étage, ni faire le malin devant un ours brun. On ne cherche pas à démontrer méthodiquement que ces décisions ou ces croyances sont en adéquation avec le réel, on les admet souvent.

 

En une journée, vous prenez inconsciemment des milliers de microdécisions. Et parce que nos cerveaux sont super efficaces (ou plutôt, ils ont évolué ainsi), ils nous font grâce d'un long traitement analytique, conscient, calculatoire, de chaque décision. Cela est remplacé par de l'intuition. Et en général, ça ne marche pas trop mal –après s'être bien entraîné et familiarisé avec l'environnement.

 

Sauf que ça ne marche qu'avec ce sur quoi on a entraîné le cerveau, donc avec des phénomènes qui sont assez communs pour en avoir fait de malheureuses expériences (souvent pendant l'enfance) : le fait que les objets chutent, que les trucs pointus font mal, que le feu est dangereux. 

 

Experts en amateurisme

 

L'erreur de l'ultracrépidarianiste, c'est de penser qu'au sujet d'une prise de décision mettant en jeu des concepts et des phénomènes dépassant largement le quotidien moyen, ses intuitions, ses croyances, ses opinions et même son expérience personnelle auraient autant ou plus de valeur qu'un consensus d'experts ou qu'une méta-analyse scientifique.

 

La suite ICI 

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24 mai 2022 2 24 /05 /mai /2022 06:00

Peut être une image en noir et blanc de 1 personne et plein air

Le graphomane que je suis écrivait le 8 octobre 2012 :

 

Comme Alice et Olivier de Moor sont des amis discrets ils n’avaient pas mis votre Taulier dans la confidence mais, lorsque leur enfant paraît sur l’écran de ses nuits blanches, à l’aurore, c’est pour lui la divine surprise, le plaisir de la découverte et venu le temps d’officier : d’être à sa manière l’officier d’état-civil de la Toile. À la plume sergent major plongée dans l’encrier de céramique blanche, sur le grand registre des naissances il inscrit les noms et prénoms des parents et leur ascendance, en violet bien sûr, l’heure : 9 heures du soir, c’est mieux que 21 heures qui font très chef de gare – et quarante grosses minutes, le lieu : Courgis et le jour le dimanche 7 octobre 2012. Pour le prénom le vieil animal use d’encre sympathique pour laisser à votre imagination tout le loisir d’exercer son talent. Comme mon petit doigt m’a dit qu’Alice, venue du Jura a rencontré Oliver en 1992, à Chablis, donc 30 ans, voilà un bel âge pour donner naissance à un enfant. Cet enfant-là va leur permettre de conter leur histoire, car comme le dit si bien Alice, eux deux ont toujours voulu « faire du vin comme on raconte une histoire »

 

La suite ICI

 

Aucune description de photo disponible.

Aujourd’hui, c’est Olivier qui prend la plume :

 

Chers collègues,

 

Je vais essayer d’être aussi court et concis que nécessaire. Pour solliciter votre attention et votre aide.

 

Les dérèglements climatiques annoncés, nous les vivons désormais. Et cela est synchrone d’une extinction de masse des espèces. Car cela est lié. Et bien entendu, vous comme moi semblons bien désarmés face aux périls annoncés et aux moyens à disposition pour répondre et nous adapter. Pour ce qui est de la vigne seulement, en projetant nos habitudes de travail actuelles, il est annoncé au minimum, une diminution moyenne de nos rendements d’ici 10 ans, de 35 %.

 

 

Je sais très bien que je suis bénéficiaire d’un travail successif de plusieurs générations qui a permis la construction de ce vignoble et la reconnaissance de ses vins. Cela est le résultat d’un travail collectif, et d’individualités qui ont amené de l’exigence ou des idées et des projets nouveaux. Dont nous profitons.

 

Face aux changements annoncés, deux réponses sont possibles.

 

Soit une réponse individuelle, soit une réponse de l’ensemble.

 

Individuellement, nous agissons pour que nos vignes soient alimentées du mieux possible pour qu’elles produisent le raisin nécessaire et fidèle à notre région. Ce travail se fait par l’intermédiaire des bactéries du sol. Il réclame cependant les outils pour cela en termes de mécanisation et d’intrants. Cela a ses avantages, ses inconvénients, et ses limites qui sont de plus en plus proches. Et surtout qui ne conduisent qu’à entretenir et accentuer ce qui désormais nous affecte. Nous entretenons voire amplifions des causes de nos problèmes.

 

L’autre solution plus ambitieuse, parce que collective est liée à ce que depuis seulement quelques dizaines d’années nous expliquent les scientifiques. Qu’une plante n’est pas véritablement une plante mais une symbiose, et qu’elle se nourrit de cela, qu’elle se nourrit de tout ce qui l’entoure en particulier des mycorhizes. Cependant pour re-nourrir nos plantes par ce processus naturel et initial que nous avons rompu, il faut un vaste chantier collectif et ambitieux.

 

Croire dans le vivant, respecter toutes les plantes possibles, toutes les haies en formation, tous les arbres isolés, toutes les surfaces boisées. Ce n'est que par ce respect le plus complet du vivant, que nous permettrons plus de diversité écologique, plus de fraicheur, plus de régulation et d’inertie thermique, et une distribution naturelle de l’eau qui se fait depuis les points d’eau jusqu'à la matière organique de nos sols.

 

Ce chantier auquel j’aspire, et qui me paraît la seule vraie réponse tourne autour de ce qu’on appelle les corridors écologiques. À savoir des couloirs où l’on laisse la vie s’installer pour la relier à ses origines, pour la mettre en lien et venir la redistribuer jusqu’à l’intérieur de nos parcelles cultivées. Si nous ne faisons pas cela, j’ai la grande crainte que nos cultures que l’on destine artificiellement à leur isolement du vivant pour produire uniquement ce que nous voulons, connaisse sa fin.

 

Bien entendu, je suis à votre disposition. Et je peux si vous réclamez plus de précisions, vous les donner. Ainsi que vous mettre en lien avec les experts qui saurons nous conseiller. Cependant au final, c’est extrêmement simple. Laisser revenir la vie partout où elle peut l’être.

 

 

Salutations vigneronnes.

Olivier De Moor

 

Lecture recommandée: Marc-André Selosse

 

Jamais seul et L'origine du monde

 

Jamais seulL'origine du monde

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23 mai 2022 1 23 /05 /mai /2022 06:00

Les jeunes gens

Brillant diplômé de la promotion Senghor de l’ENA (2002-2004), Boris Vallaud – monsieur Najat –lançait en guise de plaisanterie, quand on lui faisait remarquer que ses camarades et lui avaient investi à une vitesse éclair les sommets de la République : « N’exagérons rien. J’ai 38 ans. À cet âge, Napoléon était déjà empereur… » Il ne savait pas encore qu’à tout juste 39 ans, Emmanuel Macron deviendrait chef de l’Etat, et ferait de la cour Napoléon du Louvre le lieu de son couronnement.

 

Depuis lors, la classe Senghor est associée au nom du plus jeune président de la Vème République. Emmanuel Macron est-il le fruit très exceptionnel d’une cuvée comme une autre de l’école du pouvoir ?

Les jeunes gens

Mathieu Larnaudie

Face aux jeunes gens qui s’enthousiasment pour un vieux de 71 ans, les gens vieux font les yeux doux pour une jeune de 44 ans. Étrange inversion qui remet en question ce qu’est aujourd’hui la jeunesse et la vieillesse, que des jeunes veuillent renverser la table c’est de leur âge, que des vieux veuillent préserver leurs acquis c’est de leur âge, mais, le vieux, que je suis, est frappé par le fait que ces jeunes se réfugient dans les bras d’un vieux politicien roublard, blanchi sous le harnois du Sénat, inflexible patron de sa boutique, grand admirateur des hommes main de fer dans un gant de velours, alors que ces vieux s’abandonnent à un jeune, emblématique d’un monde dont ils sont pas, abandonnant derrière eux les références de leur jeunesse.

 

Orphelin de la social-démocratie, je repousse en même temps l’étrange attelage électoral de la NUPES (affreux acronyme) et le grand fourre-tout flou d’ENSEMBLE, ce qui ne fait pas de moi ni un traître selon la terminologie de ceux qui confisquent la gauche, comme au bon vieux temps des staliniens du PCF de ma jeunesse, ni un allié objectif de cette gauche autoritaire, aux yeux des adorateurs de notre président Janus, me retrouvant ainsi dans une forme inédite de jachère électorale.

 

En suis-je responsable ?

 

Oui comme nous tous mais, j’ose l’écrire moins que beaucoup, pour autant je ne renierai pas mes idéaux de jeunesse et, n’en déplaise à certains éructeurs qui passent leur vie sur les réseaux sociaux, le cul sur leur chaise, à martyriser leur clavier, à faire la révolution en chaise longue, convertis de fraîche date au féminisme, à la gauche radicale, je me sens à l’aise dans mes baskets et pour tout vous dire je les emmerde.

 

Le Mot est un poème de Victor Hugo, paru en 1888 dans le recueil posthumeToute la Lyre.

 

«Portrait de l’ecrivain francais Victor Hugo (1802-1885)» Peinture de Leon Joseph Bonnat (1833-1922), Versailles, musée du château ©Photo Josse/Leemage

 

Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.

Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.

Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas

Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -

Ecoutez bien ceci :

 

Tête-à-tête, en pantoufle,

Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,

Vous dites à l'oreille au plus mystérieux

De vos amis de cœur, ou, si vous l'aimez mieux,

Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,

Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,

Un mot désagréable à quelque individu ;

Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,

Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,

Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !

Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.

Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,

De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;

- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -

Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.

Il suit le quai, franchit la place, et caetera,

Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,

Et va, tout à travers un dédale de rues,

Droit chez l'individu dont vous avez parlé.

Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,

Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,

Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,

Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -

 

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

La poétisation du mot chez Victor Hugo. ICI

[article]

 

 

M. Riffaterre

Cahiers de l'AIEF  Année 1967  19  pp. 177-194

 

 

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22 mai 2022 7 22 /05 /mai /2022 10:00

 

Mais qui donc est Michel Henochsberg me direz-vous ?

 

 

Un ami, nous nous sommes connus par le cheval, le pur-sang, pendant tout mon séjour au 78 rue de Varenne le dossier des courses et du PMU fut pour moi un dossier réservé, nous habitions tous deux dans le XIVe, j’écris habitions car lui l’a quitté en janvier 2016 pour rejoindre le cimetière Montmartre. En des temps difficiles pour lui je fus l’un de ses rares amis à ne pas lui tourner le dos.

 

Fidèle en amitié je suis.

 

Au milieu de mes paquets, j’ai retrouvé un exemplaire de la revue Dérèglements de Comptes qu’il publiait avec Jean-Michel Alberola le peintre.

 

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Esprit brillant, éclectique, hétérodoxe, non conformiste, il cheminait avec aisance sur des sentes ignorées par ses confrères, nous abordions tous les sujets, à Gordes, sous les charmilles, avec Géraldine.

 

 

 

 

 

Michel Henochsberg

Professeur d’économie

 

Michel Henochsberg est Professeur d’économie. Il a enseigné à l’Ecole Centrale puis à l’Université de Paris X Ouest où il est Professeur et poursuit ses recherches au Laboratoire EconomiX. Il a été conseil de nombreux dirigeants d’entreprises, et lui-même a dirigé pendant 2 ans le magazine culturel Les Inrockuptibles. Il a activement participé à la créations du Think Tank des Modernités ( LaSer, groupe Galeries Lafayette ) sous la direction de Philippe Lemoine. Souvent perçu comme un économiste pluridisciplinaire, Michel est spécialiste de l’histoire du marché, de l’analyse monétaire, et de l’analyse des problèmes économiques contemporains sous l’angle de l’histoire de longue période. Il a publié de nombreux articles sur ces questions et celles d’actualité dans les revues spécialisées et dans les quotidiens Le Monde, Libération et Les Echos. Son dernier livre, La Place du Marché (Denoël, 2005) développe le principe d’autoréférentialité qui selon lui définit la modernité contemporaine.

 

 

Michel est décédé en janvier 2016. Nous demeurons inspirés par sa pensée féconde et son insatiable curiosité intellectuelle.

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21 mai 2022 6 21 /05 /mai /2022 06:00

En sud-Vendée, il existe 25 bassines comme celle-ci. De l'eau principalement pompée dans la nappe lorsqu'il pleut, et restituée aux agriculteurs en période d'irrigation ou de sécheresse.

 © image UIAP

Vendée : face aux sécheresses récurrentes, les bassines sont-elles la solution ? ICI 

Publié le 13/05/2022

Écrit par Sandrine Gadet avec Cathy Colin

 

Dans un contexte de dérèglement climatique, la question de l’irrigation agricole se pose chaque année. Dans le Sud Vendée, un plan de gestion équilibrée de la ressource en eau du marin poitevin a été initiée il y a une quinzaine d'années, avec notamment la mise en place de grandes réserves collectives, remplies en hiver et utilisées en été, pour 11 millions de m³ d'eau. Un système qui, s'il permet de aux agriculteurs d'arroser leurs cultures, ne fait pas l'unanimité.

 

Mégabassines : «<small class="fine d-inline"> </small>Les pouvoirs publics démultiplient les effets des sécheresses<small class="fine d-inline"> </small>»

C’est un record au printemps. Pendant 38 jours consécutifs, les températures ont été au-dessus des normales de saison. « Avec les températures attendues au moins jusqu'à samedi, ce record est appelé à être encore battu » précise Météo France. Les températures sont plus chaudes et, dans le même temps, les risques de sécheresse s’amplifient.

 

« On a un mois de mai non seulement très chaud, mais très sec. De la frontière belge à l'Atlantique, on a un déficit pluviométrique de 20 à 30%", explique à l'AFP Olivier Proust, prévisionniste. La carte des risques de sécheresse, publiée ce mercredi par le ministère de la Transition écologique illustre ces propos. L’automne 2021 et l’hiver 2022 ayant été pauvres en pluie, cette cartographie recense les départements où ont été pris des arrêtés préfectoraux et ceux où le déficit du cumul de pluie est supérieur à 20%.

 

22 départements avec un fort risque de sécheresse

 

Dans la carte des risques de sécheresse en France d’ici la fin de l’été, 22 départements apparaissent en rouge, avec un risque très "probable" de sécheresse. Plusieurs départements de l’ouest, de la côte atlantique sont concernés (Vendée, Charente, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire) mais aussi du sud-est (de la Haute-Loire jusqu’au Alpes-Maritimes, dans le Var, le Vaucluse).

 

La suite ICI

 

22 départements sont exposés à un fort risque de sécheresse

« Méga-bassines » : aux sources d’un conflit pour l’eau ICI 

Par Benoît Grimonprez

JURISTE

 

La sécheresse précoce cette année alimente un conflit déjà ancien autour des « méga-bassines », et ce sont deux grands courants qui s’affrontent à l’intérieur du concept de durabilité de l’agriculture. L’un pense en termes de substitution, c’est-à-dire de remplacement d’une pratique nuisible par une autre qui l’est moins. L’autre prône la reconception, autrement dit le changement global de l’agrosystème. Mais les réflexions sur la gestion de la ressource en eau, trop figées dans le présent, ont du mal à se projeter dans un futur climatique inédit et à saisir la nature des véritables enjeux.

 

Avec la lumière et le sol, l’eau est la principale ressource des plantes. L’agriculture dépend ainsi, pour sa croissance, de la présence de la juste quantité d’eau. Depuis la naissance des sociétés agraires, certains cultivateurs, aux endroits ou périodes où la pluie tombe insuffisamment, vont la chercher dans le milieu naturel : ils irriguent.

 

Mais voilà, certains bassins versants français disposent de ressources structurellement incapables de satisfaire tous les besoins. On parle de « zones de répartition des eaux ». Parmi eux, l’ex-région Poitou-Charentes. Les volumes d’eau prélevables pour l’irrigation y ont été drastiquement réduits en 2013 (de l’ordre parfois de 50 %), tandis que des arrêtés préfectoraux de crise paralysent, presque chaque année maintenant, les ponctions en période d’étiage des nappes et des cours d’eau. Frappées par ces restrictions, les exploitations irrigantes du territoire, réunies au sein de coopératives de l’eau, ont voulu sécuriser leur accès à la ressource en portant des projets d’ouvrages de stockage : les fameuses bassines !

Pourquoi des bassines ?

 

L’idée est en apparence frappée au coin du bon sens paysan : retenir une partie de l’eau qui tombe en abondance l’hiver et qui irait rejoindre la mer ; la conserver pour arroser les cultures en saison estivale ; du coup, puiser moins dans le milieu quand celui-ci est en tension. C’est le principe de la substitution des prélèvements. Selon le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux du bassin Loire-Bretagne (2016-2021), « une réserve dite de substitution a pour objet de remplacer des prélèvements d’étiage par des prélèvements en période de hautes eaux. Sa conception la rend impérativement étanche et déconnectée du milieu naturel en période d’étiage ». La fonction de la substitution se veut double : soulager les nappes phréatiques l’été, et libérer des volumes estivaux au profit des irrigants qui ne bénéficieront pas de l’eau mise en réserves.

 

On prendra l’exemple du bassin du Clain dans la Vienne. Ici, le volume global alloué à l’irrigation est de 28,7 Mm(mégamètres cubes). Mais sur ce volume, 11 Mm3, correspondant à la contenance des futures retenues, sont dits provisoires ; le préfet ne les conservera que si les ouvrages de stockage sont construits ; à défaut, les prélèvements totaux autorisés chuteront à 18,2 Mm3.

 

En plus de ce contexte déjà singulier, intervient la problématique centrale du réchauffement climatique et des moyens de s’y adapter. Dans les bassins agricoles du grand Ouest, il fait craindre le pire, du fait notamment qu’aux productions actuellement dépendantes de l’irrigation (maïs, légumes, tabac, semences) pourraient, demain, s’en ajouter d’autres incapables de survivre à des sécheresses répétées et extrêmes (vignes, prairies, couverts automnaux…).

 

Bien que la recherche génétique avance sur la création de variétés plus résistantes au stress hydrique, la création artificielle de nouvelles ressources paraît une solution incontournable aux yeux de plusieurs rapports[1] et maintenant du législateur. Issu de la loi du 28 décembre 2016, l’article L. 211-1, I, 5° bis du Code de l’environnement vise à assurer « la promotion d’une politique active de stockage de l’eau pour un usage partagé de l’eau permettant de garantir l’irrigation, élément essentiel de la sécurité de la production agricole et du maintien de l’étiage des rivières, et de subvenir aux besoins des populations locales ».

Pourquoi, pas des bassines ?

 

Les projets de réserves, aussi colossaux que nombreux, ont rapidement soulevé une vague de contestations chez la frange alternative de la profession agricole (Confédération paysanne) et la mouvance écologiste. Dans les départements des Deux-Sèvres et de la Vienne, des manifestations, souvent émaillées de violence (dégradations, arrestations…), rassemblent une foultitude d’opposants aux bassines sorties de terre et à celles encore en chantier.

 

Voici un petit florilège des principaux arguments « contre ». Les installations sont le fait d’une minorité d’agriculteurs qui, par ce moyen, s’accaparent un bien commun dont ils privent les autres usagers. Stocker l’eau pour l’irrigation se fera au détriment des milieux aquatiques qu’on assèchera et de la consommation en eau potable des populations locales. Aussi, loin de résoudre les conflits d’usage, les bassines les exacerberont. Surtout, ces projets correspondent à une fuite en avant du modèle agricole intensif qui continue de camper sur ses pratiques et d’exporter à l’étranger une grande partie de sa production.

 

Des bassines en sur-dimension

 

Les mots ont un sens. Le terme de « bassines » est géographiquement circonscrit au territoire du Centre-Ouest en référence à un certain type d’ouvrages. Il s’agit de plans d’eau artificiellement créés à ciel ouvert et qui sont remplis en période hivernale par pompage en eaux superficielles ou souterraines. Ailleurs, d’autres techniques de stockage de l’eau sont privilégiées depuis longtemps : les barrages sur les cours d’eau, les retenues collinaires recueillant les eaux de ruissellement. Bien que plus traditionnels, ces aménagements ne sont pas épargnés par les conflits : rappelons-nous le projet abandonné du barrage de Sivens (Tarn) ou plus récemment l’affaire du lac de Caussade (Lot-et-Garonne).

 

Le préfixe « méga » pour qualifier les bassines est récemment apparu dans le discours de leurs détracteurs. Ce qui pose la question des critères d’acceptabilité ou non des projets : est-ce le principe même du stockage qui est combattu ? Ou bien le gigantisme des infrastructures ? Car insister sur la taille, le dimensionnement des retenues, c’est en filigrane concéder qu’il sera sûrement compliqué, avec un climat beaucoup plus chaud, de se passer de l’irrigation et de la rétention d’une partie de la ressource. L’enjeu devient alors de savoir si des ouvrages plus modestes, plus accessibles à tous, mais fatalement plus nombreux sur le territoire, pourraient recevoir l’assentiment de la société civile.

 

Substitution versus reconception

 

En prenant un peu de hauteur, on retrouve derrière ce conflit, presque caricaturalement, les deux grands courants qui s’affrontent à l’intérieur du concept de durabilité de l’agriculture. En présence de pratiques dégradantes de la nature et de la santé, un courant traditionnel pense en termes de substitution, c’est-à-dire de remplacement d’une pratique nuisible par une autre qui l’est moins. C’est l’idée de substituer des prélèvements hivernaux à ceux estivaux ; mais aussi, sur des questions comme la protection des cultures, d’utiliser certaines alternatives, par exemple les méthodes de biocontrôle, à la place des pesticides chimiques. L’autre camp, face aux mêmes problèmes environnementaux, prône la reconception, autrement dit le changement global de l’agrosystème. Cette vision est au cœur du discours des opposants aux bassines qui fondent quasi-exclusivement leur argumentaire sur la révolution agro-écologique.

 

Là où la première approche, dite réductionniste, part d’un existant que la substitution cherche à transformer pas à pas, l’approche systémique insiste sur la dimension holistique du changement à accomplir dans une logique du tout ou rien. Opposition méthodologique qui est devenue dogmatique. Pourtant, sur un plan pratique, seule la combinaison des deux semble un chemin empruntable à l’avenir pour les agriculteurs : avoir pour cap la transformation des systèmes de cultures sans s’interdire, comme levier, les solutions de substitution disponibles, même à regret. Les agriculteurs bio peuvent-ils, en l’état des savoirs, se passer du labour ou du cuivre ? Pourront-ils demain se passer d’eau pour implanter leurs couverts végétaux et éviter que leur sol ne reste stérile ?

 

Quels problèmes pour quels remèdes ?

 

C’est légitimement que les projets de stockage doivent être passés au crible de la critique. Les maux qu’on leur prête sont-ils irrémédiables ? Si non, où se situent les blocages ?

 

En amont, il y a l’impact supposé des infrastructures sur l’écosystème aquatique et la concurrence avec les autres usages de l’eau. Sur ce point, la loi, mais aussi les documents de planification de gestion de l’eau (SDAGE, SAGE), sont transparents : les ponctions agricoles ne peuvent se faire que dans le respect des équilibres naturels, donc sans porter atteinte aux fonctionnalités des milieux. Il en va de même pour l’alimentation en eau potable qui est toujours prioritaire par rapport aux autres consommations, notamment l’irrigation.

 

Des moyens simples existent pour faire respecter ces principes et dissiper les fantasmes : déterminer, sur des bases scientifiques, le volume prélevable en période de hautes eaux sans dommage à l’écosystème ; conditionner le remplissage des ouvrages à la recharge préalable des aquifères ; ne pas permettre le remplissage les hivers insuffisamment humides (comme celui que nous venons de vivre). Ces garanties, déjà en partie inscrites dans les arrêtés préfectoraux qui encadrent le fonctionnement des ouvrages, mériteraient d’être martelées.

 

En aval, c’est aussi la destination de l’eau stockée qui interroge : va-t-elle servir à cultiver comme avant, ou à favoriser la transition agricole ? Les ouvrages, vus leurs coûts, sont en effet financés à hauteur de 70 % par les agences de l’eau ; cette irrigation par les deniers publics oblige l’agriculture envers la société. C’est pourquoi la dimension territoriale des projets est un aspect essentiel. En ce sens, une instruction ministérielle du 7 mai 2019 subordonne le financement des installations de stockage à l’élaboration de projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), auxquels participe l’ensemble des usagers de la ressource.

 

Dans deux départements où le sujet est explosif (Deux-Sèvres, Vienne), des négociations ont été menées dans le but précisément de définir ce projet territorial et la place que les retenues y occupent. Pour des raisons techniques – complexité des situations – et surtout politiques, la démarche a révélé ses limites. Les protocoles d’accord qui en sont ressortis présentent, cela dit, une avancée majeure : les engagements des agriculteurs des bassins concernés en matière de pratiques culturales (engrais, pesticides) et de gestion de la biodiversité (haies, zones humides…).

 

On peut reprocher à ces engagements de ne pas aller assez loin (en termes de reconception). Ils n’en constituent pas moins un changement de paradigme important en ce qu’ils inscrivent l’utilisation d’une ressource commune dans une démarche globale de transition agro-écologique à l’échelle d’un territoire. Il n’y a pas de précédent de cette envergure.

 

Moralité, ce n’est pas tant le stockage qui, en soi, pose problème, mais bien ses modalités. Le diable n’est pas dans la taille, mais dans les détails : quels volumes sont prélevés ? dans quelles conditions ? pour quoi faire ? Non seulement les réponses adéquates sont possibles, mais elles peuvent être écrites, noir sur blanc, dans la langue d’un document juridique qui oblige les parties prenantes.

 

Le vécu de l’intérieur des discussions sur plusieurs territoires du nord de la Nouvelle-Aquitaine tempère cependant cet optimisme tout universitaire. Soyons honnêtes, peu d’acteurs connaissent et maîtrisent un tant soit peu les règles – absconses – de la gestion de l’eau. Au-delà même de l’ignorance, le droit est ici regardé avec incrédulité. Quelles que soient finalement les conditions dont le stockage serait assorti, les opposants ne croient pas à la volonté de l’autorité publique, en l’occurrence le préfet, de les appliquer. Suspicion qui peut en partie s’expliquer par les accointances que l’État entretient avec la profession agricole, lesquelles ont parfois pu conduire à des décisions d’octroi de volumes excessifs et d’ailleurs sanctionnées par les tribunaux administratifs[2]. Tant et si bien que le problème de fond est moins d’ordre environnemental que politique : la confiance perdue dans les institutions. Combler ce fossé démocratique sera long et supposera de travailler en profondeur sur la gouvernance des biens communs.

 

Tragédie communautaire

 

En France, l’eau est déjà devenue un théâtre d’affrontements idéologiques entre communautés, c’est-à-dire des groupes de personnes ne partageant pas les mêmes valeurs, et donc réfractaires au partage des usages. Notre-Dame-des-Landes (qui impliquait une zone humide), le barrage de Sivens, et maintenant les bassines du Poitou-Charentes semblent les points d’acmé de ces crises socio-environnementales. L’arrivée concrète du réchauffement climatique est un facteur majeur d’aggravation de ce risque du fait qu’il y aura toujours moins de ressource disponible (en été) et toujours plus de besoins fondamentaux à satisfaire.

 

L’eau, d’une certaine manière, est la version parabolique de la tragédie qui attend nombre de biens communs : être des facteurs de déchirement social. Mais il existe d’autres histoires d’eau possibles, plus positives, où ce patrimoine commun de la Nation devient un lieu de rapprochement, de convergence des intérêts a priori contraires. Les démarches en faveur de la ressource aquatique sont, à la base, beaucoup plus consensuelles qu’on ne croît. À rebours des idées reçues, la plupart des agriculteurs adhèrent à une meilleure gestion tant quantitative que qualitative du milieu et sont disposés, au nom de sa protection, à amender leurs pratiques, voire à accepter une forme de tutelle des gestionnaires de la ressource (État, établissements publics, collectivités locales, associations)[3] ; attitude impensable sur d’autres sujets, les pesticides ou le bien-être animal par exemple.

 

On l’a vu, l’eau est aussi le levier de potentielles démarches collectives et territoriales envers lesquelles le secteur agricole nourrit en principe beaucoup de réticences. Une fois n’est pas coutume, les projets de réserves ont été l’occasion de créer de véritables communautés d’agriculteurs consentant, via leurs coopératives de l’eau, à s’engager solidairement dans des programmes d’actions environnementales. Là où les plans alimentaires territoriaux (PAT) se contentent d’états des lieux et échouent à passer à l’étape opérationnelle, le projet hydrique, comparativement, permet d’aller beaucoup plus loin dans les dynamiques transitionnelles, au prix certes d’efforts de concertation importants.

 

Tristes tropiques

 

Les réflexions sur la gestion de la ressource en eau, trop figées dans le présent, ont du mal à se projeter dans un futur climatique inédit et à saisir la nature des véritables enjeux. Tentons cet exercice de prospection en explorant trois grandes hypothèses possibles : des territoires sans « méga-bassines » ; des territoires avec ; et des territoires ayant fait un choix intermédiaire.

 

Selon un premier scénario hautement probable, l’accumulation des contestations et des procédures juridiques, les dissensions politiques, la lassitude des porteurs de projets conduisent à l’abandon des bassines. Le climat apaisé mais pas refroidi, tous les problèmes restent entiers : un milieu aquatique dégradé par les assecs, l’incapacité d’adaptation de l’agriculture au changement climatique… Les volumes de prélèvements provisoires correspondant à l’eau qui devait être stockée s’évaporent ; la ressource se faisant rarissime, l’irrigation est fortement compromise dans les années à venir. Économiquement, de nombreuses fermes familiales sont menacées de disparition, provoquant encore l’agrandissement des plus puissantes. La transition agro-écologique même se verrouille : le manque d’eau pénalise un certain nombre de bonnes pratiques, telles l’implantation de couverts végétaux à la sortie de l’été (censés piéger les nitrates) ou la création de linéaires boisés. Faute de projet de territoire et de contrepartie tangible – l’accès à l’eau –, plus aucun levier n’existe localement pour engager les producteurs dans la reconception de leur système cultural.

 

Dans un autre scénario, la hantise du changement climatique et de l’indépendance alimentaire décide les pouvoirs publics à favoriser la construction de nouvelles ressources. Plus les territoires à se lancer dans cette stratégie sont nombreux (Vendée, Grand-Est…), plus les contestations se diluent. Des études scientifiques indépendantes finissent par déterminer les volumes prélevables, en été comme en hiver. Se créent alors des formes d’oasis dans un désert agricole, cristallisant la problématique de l’inégal accès à la ressource entre les agriculteurs. Situation qui existait auparavant, mais dont l’exacerbation impose de réfléchir à une nouvelle solidarité entre agriculture « raccordée » aux bassines, et donc irriguée, et celle non-irriguée ; sont envisagées des formes de mutualisation des risques ou des productions, ou encore de soutien des filières, voire d’aides publiques reconfigurées. Enfin les retenues, parce que gigantesques, sont mobilisées pour servir à d’autres usages en tant que de besoins : même stockée, l’eau ne perd pas son caractère de bien commun imposant le partage. Tous ces aspects de la question sont intégrés au contrat de territoire pour la gestion de l’eau, réanimé par une gouvernance désormais plurielle et transparente.

 

La dernière voie explorée pour sortir de l’impasse climatique et sociale est médiane. Elle est promue par une partie de la profession agricole, notamment la chambre d’agriculture de la Vienne représentée par le syndicat Coordination rurale, et finit par devenir acceptable aux yeux mêmes des réfractaires à l’irrigation. Il s’agit du stockage à des échelles plus réduites, au moyen par exemple de petites retenues collinaires. Small is beautiful ! Plus discrètes, ces infrastructures se fondent mieux dans le paysage et rappellent celles que les populations mettent elles-mêmes en place pour récupérer les eaux pluviales. Cette stratégie séduit aussi les agriculteurs attachés à leur indépendance économique, et qui ne se retrouvent pas dans le « collectivisme » qu’implique l’adhésion à des coopératives de l’eau.

 

La solution n’en reste pas moins imparfaite. Elle suppose une multiplication des ouvrages reliés au milieu hydrographique dont les impacts cumulés sont difficiles à mesurer. Même chose pour les volumes d’eau stockés : autant on peut savoir avec précision, grâce à des compteurs, ce que quelques grands ouvrages pompent en hiver ; autant le remplissage de petits bassins à n’importe quel moment de l’année est pratiquement incontrôlable, ce qui nuit à la planification de la gestion du bassin versant. Enfin l’optique du « chacun pour soi » fait tomber à l’eau les projets de territoire, tant il ne paraît pas possible de conditionner le fonctionnement de ces mini-ouvrages à des engagements collectifs du monde agricole en faveur d’autres manières de gérer les ressources naturelles. Dans ce contexte, la mise en place d’une gouvernance rénovée et pluraliste ne se justifie plus.

 

Les voies de la résilience climatique sont beaucoup moins pénétrables qu’il n’y paraît. À l’incertitude scientifique s’ajoute une bataille idéologique qui obscurcit le débat et les décisions politiques. À l’évidence, on ne sortira – par le haut – de la guerre de l’eau qu’en inventant, au niveau territorial, un système de gestion des biens communs qui fasse sens pour presque tous.

 

Benoît Grimonprez

JURISTE, DIRECTEUR DE L'INSTITUT DE DROIT RURAL DE POITIERS, ENSEIGNANT-CHERCHEUR SPÉCIALISÉ EN DROIT RURAL ET DE L'ENVIRONNEMENT

Mégabassines : « Les pouvoirs publics démultiplient les effets des sécheresses » ICI

En plus d’aggraver la sécheresse, les gigantesques retenues d’eau irriguant les cultures de l’agro-industrie « sont accélératrices du gigantisme et donc de la concentration des richesses », selon Julien Le Guet, du collectif Bassines non merci.

 

Julien Le Guet, batelier, accompagne les intéressés voguer à la découverte de la biodiversité et de l’histoire du Marais poitevin. Pour le protéger, il est devenu porte-parole de Bassines non merci, un collectif de citoyens opposés à la construction de mégabassines. Dans le périmètre immédiat du Marais poitevin, il y en aurait une quarantaine. Ces bassins d’eau gigantesques, rendus étanches par des bâches en plastique, forment des lacs artificiels pouvant s’étendre sur plus de 15 hectares. Le but : irriguer les cultures de l’agro-industrie.

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